Pour Lensois.com, juillet 2014
Devant l’incertitude d’un avenir soit en Ligue 1, soit en Ligue 2, les joueurs du RC Lens vivent une préparation d’avant-saison psychologiquement difficile. Pour savoir comment faire face à cette situation inhabituelle, nous sommes allés à la rencontre de Nathalie Crépin, préparatrice mentale et responsable du CROPS (Centre ressources en optimisation de la performance et en psychologie du sportif) de Wattignies.
Lensois.com : Nathalie Crépin, un contexte pesant tourne quotidiennement autour du groupe Sang et Or. Comment parfaire sa préparation sans connaître le futur proche du club ?
Je pense que la priorité est de rester concentré sur cette préparation justement, qu’elle serve à évoluer en Ligue 1 ou en Ligue 2. Il ne faut penser qu’à être prêt pour le coup d’envoi de la saison, même si je le sais, il y a une grande différence entre l’élite et l’antichambre du football français. Se concentrer sur le terrain reste primordial, il est donc nécessaire de faire abstraction du contexte très particulier. C’est d’autant plus compliqué que l’attente des supporters est grande.
Justement, faire abstraction de l’actualité artésienne devient quasiment impossible…
En effet, c’est très difficile d’occulter ce qu’il se passe en ce moment car Lens reste partout dans les médias. Tout le monde est dans l’attente de la décision, d’autant plus les joueurs. Encore une fois, il est important de rester concentré sur la préparation. Les leaders du groupe ont un rôle encore plus grand car ils doivent être une sorte de pilier.
« Travailler le mental, ça fait peur ! »
Dans cette situation plus qu’une autre, un préparateur mental est-il indispensable ?
Quelque soit la situation d’un club, son contexte, un préparateur mental doit être davantage qu’un pompier de service ! Son rôle n’est pas celui-là mais d’optimiser la préparation des sportifs. Il n’y a qu’en France où il existe si peu de préparateurs mentaux dans les clubs professionnels. En Espagne ou en Angleterre, il y en a pléthore. Dans l’Hexagone, on ne se pose pas la question sur le besoin, ou non, d’un préparateur physique. Alors que le mental…
Pour quelles raisons ?
Cela fait peur, tout simplement. Travailler sur le mental reste peu mesurable dans les représentations. Mais nous, nous connaissons le bénéfice. Le mental est quelque chose un peu obscure, peu quantifiable et cela fait peur à l’entraîneur car selon lui, il connaît toutes les ficelles donc il s’occupe de cela. D’autres sports comme le handball ou le rugby ont compris que c’était nécessaire. Un préparateur mental ne sert pas uniquement qu’en situation de crise, c’est un travail à effectuer sur le long terme. Actuellement au Racing, c’est presque indispensable d’avoir une préparation mentale.
« Amener les joueurs à se questionner »
Comment travailleriez-vous sur l’effectif lensois ?
Les joueurs ont besoin de parler de cette situation très complexe. Il faut les amener à en discuter, à savoir comment ils peuvent en vivre. L’objectif est de se servir de la situation pour rebondir. La dynamique de groupe, la cohésion, doit en être renforcée et notre travail est de fédérer le groupe. Il ne faut pas être si affirmatif devant les joueurs en disant que Lens jouera en Ligue 1. Non, c’est complètement illusoire. Il est indispensable d’amener les joueurs à se questionner et leur dire qu’il est fort possible d’évoluer en Ligue 2 afin de les préparer au pire des cas.
L’absence d’Antoine Kombouaré, le coach du RCL, depuis la reprise est-elle un handicap supplémentaire pour les acteurs ?
C’est une autre incertitude. La place du coach doit être aux côtés de ses joueurs. Mais après, je ne peux pas me positionner sur la question puisque je ne connais pas Antoine Kombouaré. Pour le groupe, il faut se fixer des objectifs, rester concentré sur la préparation, sur le début du championnat. Cette expérience doit devenir une force. Après, il y a 2 possibilités face à ce genre d’événement. Soit nous regardons l’aspect négatif et nous restons sur l’échec, soit nous retournons la situation pour en faire une force.
Propos recueillis par Laurent Mazure en juillet 2014 pour « lensois.com »: http://www.lensois.com/articles/5248-une-preparation-mentale-indispensable-a-lens