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« Il ne faut jamais être négatif envers soi-même. Bien sûr, il est possible que l’adversaire soit coriace, qu’il vous ait battu la dernière fois et que, dernièrement, vous ne jouiez pas très bien. Dès que vous ruminez ces pensées, vous êtes mort. J’approche chacun de mes matchs avec la conviction que je vais gagner. C’est tout. »
Jimmy Connors, joueur de tennis.
Les propos de Jimmy Connors illustrent la nécessité d’un haut niveau de confiance en soi pour réussir. Elle est même une des caractéristiques qui différencient les athlètes de haut niveau des athlètes qui réussissent moins bien.
Un niveau de confiance en soi élevé permet d’accomplir de véritables exploits. A l’inverse, les prophéties négatives constituent des barrières psychologiques particulièrement puissantes.
En voici une illustration :
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Avant 1954, la plupart des gens affirmaient qu’il était impossible de courir un mille en moins de 4 minutes. Plusieurs coureurs franchissaient la distance en 4 :03, 4 :02, et 4 :01. Mais la plupart croyaient qu’il était physiologiquement impossible de descendre en deçà de 4 minutes. Cependant, Roger Bannister n’était pas de ceux-là. Bannister était convaincu de pouvoir briser la barrière des 4 minutes, si les circonstances s’y prêtaient, et il réussit. L’exploit de Bannister fut spectaculaire, mais il est encore plus intéressant de noter que durant l’année qui suivit, plus d’une douzaine de coureurs franchirent la barrière des 4 minutes. Pourquoi ? Tous devinrent-ils subitement plus rapides ou s’entraînèrent-ils davantage ? Bien sûr que non. Les coureurs réalisèrent seulement que c’était possible. Jusqu’à ce que Bannister brise la barrière, les coureurs s’étaient imposé leurs propres limites psychologiques en croyant qu’il était impossible de courir un mille en moins de 4 minutes.
Extrait de l’ouvrage de R.S Weinberg et D.Gould, Psychologie du sport et de l’activité physique, ed Vigot, 1997.
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Le concept d’auto-efficacité de Bandura
La notion de confiance en soi est une notion ambiguë qui regroupe différents concepts comme le concept d’auto-efficacité de Bandura, le concept de la confiance sportive développé par Vealey en 1986, d’estime de soi employé en psychologie.
La confiance en soi peut se définir comme la conviction de pouvoir réussir un comportement désiré.
La notion d’auto-efficacité se différencie de la confiance en soi en ce sens qu’elle n’exprime pas un trait de personnalité. Elle est directement attachée à la réussite mais dans une situation précise. Dans le domaine sportif, cette auto-efficacité dépend de quatre variables : la performance récente (plus la performance récente est positive plus le sentiment d’auto-efficacité est fort), l’expérience vicariante (c’est-à-dire la visualisation d’une habileté par un modèle), la persuasion verbale (toutes les valorisations et renforcements de compétences ou comportements émis par une source) et enfin l’interprétation de l’activation perçue. Cette notion est proche de la notion d’estime de soi qui renvoie à la notion de valeur personnelle.
Dans le modèle de la confiance sportive de Vealey, la confiance en soi est un état qui est transitoire et directement en lien avec une situation compétitive particulière. Mais cet état transitoire dépend également de l’estime de soi du sportif et de l’investissement dans cette compétition.
La perception d’un niveau élevé de confiance en soi est donc requise pour une bonne performance. Cependant, si ce niveau est trop élevé, l’effet inverse se produit. Tous les sportifs ont vécu cette situation : la victoire devait être inéluctable, acquise par avance. Et pourtant, c’est la défaite, l’échec.
La relation entre confiance en soi et performance suit la courbe du « U inversé ».
En psychologie du sport, chaque compétition est une menace pour l’estime de soi. Une simple défaite suffit parfois à briser une confiance en soi, qui va se répercuter sur l’estime que le sportif a de soi et peut générer l’envie d’abandon de la carrière. L’univers impitoyable du sport professionnel exige une performance maximale et ceci pour chaque compétition. La compétition, tel un thermomètre, fixe les repères à travers lesquels il se juge en tant qu’individu.
En cas de victoire l’estime de soi se voit grossir, parfois exagérément. En cas de défaite, elle menace de voler en éclat.
La multitude des cas de pathologies mentales et de conduites addictives sont des révélateurs de ce processus.
Mais dans la plupart des cas, le sportif élabore des stratégies pour faire face à cet inévitable traumatisme pour l’estime de soi qu’est la défaite. Ces stratégies sont plus ou moins efficaces pour préserver une image de soi positive mais souvent inefficace en terme de performance sportive. Les terminologies sont diverses : syndrome de la jambe de bois, auto-handicap, pessimisme défensif.
Pour maintenir une estime de soi positive, le sportif va imputer sa défaite aux éléments extérieurs. C’est la faute à l’arbitrage, aux intempéries, au terrain… Mais surtout pas au sportif ! C’est à ce prix qu’il peut préserver une confiance en soi indispensable pour des performances ultérieures. L’arbitrage est à ce titre le meilleur bouclier. Il suffit pour cela d’observer tous les week-ends les raisons invoquées de la défaite. Et ceci quelque soit le niveau du sportif : que ce soit un match de football de niveau promotion honneur ou une demi-finale des jeux olympiques de basket-ball, supporters comme joueurs ou dirigeants incombent la défaite à des erreurs d’arbitrages ! Mais il n’en est pas de même en cas de victoire. Incontestablement, tout le mérite en incombe aux joueurs et peu importe les éléments extérieurs. La victoire est due aux compétences et aptitudes du sportif, la défaite aux éléments extérieurs.
Cependant, cette stratégie n’est possible que ponctuellement, tant elle devient peu crédible lorsqu’elle est répétée.
La stratégie d’auto-handicap est l’une des plus prisées par les sportifs. C’est le footballeur qui oublie son passeport et ne peut prendre l’avion pour se rendre sur le lieu du match, le tennisman qui oublie sa raquette…Par cette stratégie, le sportif handicape ses chances de gagner, mais par là-même dispose de motifs d’échouer. Et en cas de victoire, le mérite n’en n’est que plus grand.
De même, des chercheurs ont montré que dans certaines situations, plus l’enjeu est important moins le travail préparatoire est présent. Si ces résultats paraissent surprenants, ils viennent
corroborer la nécessité de maintenir une estime de soi élevée.
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Lors d’une expérience sur des étudiants en psychologie, on leur avait demandé de se prêter à un petit jeu d’habileté où, à l’aide de manettes, il fallait guider un cercle métallique le long d’un circuit dans toucher le fer torsadé qui passait en son centre. Chacun pouvait se préparer aussi longtemps qu’il le désirait avant de passer une épreuve chronométrée. Deux groupes d’étudiants avaient été constitués pour faire varier les conditions expérimentales.
Au premier groupe, on fournit l’information que les résultats obtenus sont une évaluation de l’intelligence motrice et qu’ils seront donnés publiquement le soir.
Dans le deuxième groupe, on fournit l’information opposée. Les résultats n’ont aucune importance.
L’objectif de cette expérience est de mesurer le temps de préparation des deux groupes.
Les résultats de cette recherche montrent que le temps de préparation est plus faible pour le premier groupe que pour le deuxième, alors que paradoxalement, l’enjeu était plus important pour le premier groupe.
Extrait de Sport et vie N°70, janvier-février 2002.
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Les objectifs que l’on se fixe sont parfois aussi des stratégies pour maintenir un haut niveau de confiance. Perdre contre une équipe fondamentalement plus forte n’entame pas l’estime de soi ni le sentiment de compétence : « On a rien à perdre ». Et ce sont des situations qui permettent parfois de surprenante victoire, parce que les joueurs sont libérés de cette obligation de victoire.
Le syndrome de la jambe de bois consiste à mettre en avant un élément négatif, une faiblesse mais qui permet de masquer une faiblesse plus importante, et ainsi préserver une estime de soi positive. C’est par exemple toutes les petites blessures évoquées avant une compétition et qui s‘estompent de façon presque magique lors du début de la compétition.
Mais si ces stratégies ne suffisent pas ou ne suffisent plus pour maintenir une estime de soi suffisante, il ne reste plus que l’abandon, encore appelé stratégie d’évitement. Et vient alors immanquablement l’abandon de Marie-José Pérec lors des JO de Sydney en septembre 2000.
Face à une victoire compromise, où tout du moins aléatoire, et après les propos tenus quelques mois auparavant sur son retour en force sur la scène de la compétition, la seule échappatoire pour Marie-José Pérec fut…la fuite!
Nathalie Crépin, Florence Delerue