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Qu’est-ce que la préparation mentale ?
Son intérêt, son efficacité, sa démarche…
Le mental est-il si important dans la performance du sportif ?
« Je crois que c’est l’aspect mental qui est la partie essentielle du tennis mais les gens ne le savent pas. »
Boris Becker, ancien tennisman.
« Le talent gagne les matches, mais le travail d’équipe et le mental remportent les championnats. »
Michaël Jordan, ancien basketteur.
« Je considère que le rugby, de par ses caractéristiques, va proposer aux hommes un grand combat, un combat d’affirmation, un combat de domination, et que la performance passe par la maîtrise du stress et des émotions. »
Daniel Herréro (entraîneur de rugby).
« Il faut être ni stressé sinon tu perds tes moyens, ni trop décontracté sinon tu ne prends pas conscience de l’enjeu. Tu dois donc trouver le juste milieu. En partant à l’OM puis au milan, j’ai pris l’habitude d’avoir le bon comportement: savoir être un combattant et rester lucide en même temps, mais aussi se mettre un supplément de pression sans pour autant être en difficulté. C’est une question d’équilibre. »
Marcel Dessailly (footballeur).
Ces quelques citations de sportifs ou d’entraîneurs mettent en avant le rôle déterminant « du mental » dans la performance.
[sws_green_box box_size= »778″] Le « mental » est considéré par bien des acteurs du monde sportif comme le facteur discriminant, l’élément qui fait la différence pour atteindre la plus haute marche du podium. [/sws_green_box]
La pyramide de la performance illustre également le niveau d’expertise du sportif. Si le physique est la base de toute pratique sportive, l’apprentissage technique est fondamental chez le pratiquant débutant. Puis quand le niveau d’expertise augmente, l’apprentissage sera d’avantage axé sur la tactique.
Au plus le niveau d’expertise est élevé, au plus la préparation mentale devient discriminante dans la performance, pour atteindre l’état optimal de performance.
Son efficacité semble reconnue par les acteurs du monde sportif, mais qu’en est-il des études scientifiques sur le sujet ?
De multiples études scientifiques se sont penchées sur la question de l’efficacité ou non de la préparation mentale sur la performance. Ne sera présentée ici qu’une synthèse de ces études tant leur nombre est important.
Une enquête effectuée sur 235 athlètes canadiens ayant participé aux Jeux Olympiques de Los Angeles et de Sarajevo en 1984 ont montré que les 75 sportifs « médaillés » ont tous étaient capables d’identifier les facteurs psychologiques ayant permis leurs performances, mais aussi que tous s’étaient donné comme objectif de développer systématiquement leurs habiletés mentales aux cours de leurs préparations pour les Jeux Olympiques ( Orlick et Partington, 1988).
De même, lors d’entretiens structurés, des golfeurs professionnels ont confirmé utiliser des procédures de préparation mentale pour se préparer aux compétitions. L’exemple du golfeur Tiger Woods illustre, pour certains à outrance, la prépondérance des facteurs psychologiques sur la performance.
Greenspan et Feltz (1989) ont recensé 23 études et toutes relatent l’efficacité de divers types d’intervention psychologique sur l’amélioration de la performance compétitive.
Landers (1983) a analysé 60 études portant sur le sujet. Les résultats de ces études montrent des différences notables entre les groupes de sportifs ayant bénéficié d’un entraînement mental et les autres sur la performance. 85% des sportifs ont enregistré des bénéfices en termes de performance (Weinberg et Williams, 2001).
Des études effectuées sur des joueurs de tennis :
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Sur 115 joueurs de tennis professionnels interrogés, presque tous ont affirmé utiliser une forme de technique mentale pour améliorer leurs performances.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] De même, les joueurs les mieux classés utilisaient de manière plus intensive les techniques de préparation mentale.
Si les études citées précédemment semblent toutes aller dans le sens d’une efficacité indéniable de la préparation mentale, certaines infirmes ces résultats.
[sws_blue_box box_size= »778″] Pourquoi certaines études scientifiques infirment l’efficacité de la préparation mentale sur la performance et surtout pourquoi y-a-t’il encore une telle réticence à recourir à cette pratique ? [/sws_blue_box]
Cette question est au cœur de la problématique qui entoure la préparation mentale et psychologique, et différentes explications sont nécessaires.
1. Tout d’abord, un grand nombre de ces études qui n’évoquent qu’un impact limité de la préparation psychologique sur la performance, possède des biais méthodologiques comme le nombre restreint de sportifs étudiés, des outils de préparation mentale standardisés et stéréotypés, peu pertinents au regard de la problématique des sportifs..
2. Des études parfois délibérément conçues pour obtenir ces résultats peu favorables à cette pratique.
3. Mais surtout le foisonnement de pratiques et de praticiens plus que douteux qui interviennent dans le domaine de la préparation mentale. Ce domaine récent, et en pleine expansion ces dernières années, attire un nombre croissant de praticiens sans formation, peu expérimentés dans le domaine, qui interviennent sur des sportifs, clubs ou structures parfois de renom. Ces interventions relèvent souvent plus de la manipulation que de la préparation psychologique et viennent entacher la profession dans sa totalité. La déferlante médiatique qui a suivi certaines pratiques plus que douteuses n’a fait qu’accroître la suspicion sur une profession qui a de réelles difficultés à se structurer et à se prémunir de ces abus et imposteurs.
Gageons que cette profession sera, dans les années à venir, à même de se prémunir de ces pratiques, en se structurant et en fédérant des professionnels qualifiés et compétents. C’est à ce titre l’une des ambitions du C.R.O.P.S.
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Le saviez-vous ?
La répétition mentale est un outil fréquemment utilisé dans la préparation mentale. Elle consiste à se répéter mentalement une action ou un geste en l’absence de mouvements musculaires réels. Il s’agit donc d’une activité purement psychologique.
En 1991, Decety, Jeannerod, Germain et Pastène ont pu montrer que la répétition mentale d’une activité a des conséquences physiologiques qui sont en rapport direct avec l’intensité de l’effort imaginé.
Mais de façon encore plus surprenante, Thill, 1997 montre que le fait d’imaginer un mouvement entraîne des conséquences végétatives (fréquence cardiaque, ventilation pulmonaire..) de même ampleur que celles qui accompagnent un geste réel.
La répétition mentale
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrowthick-1-e »] [/sws_ui_icon] Augmentation de la force musculaire du membre impliqué et cela en l’absence de contractions musculaires réelles.
Par exemple, une étude réalisée par Yue et Cole en 1992, indique une augmentation significative de la force musculaire du poignet dans des conditions de contactions isométriques maximales imaginées.
Cette augmentation de force est de :
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] 29% en cas d’exercices réels.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] 22% dans des conditions de répétitions mentales.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Seulement 3,28% en l’absence d’exercices.
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La préparation mentale n’est-elle destinée qu’au haut-niveau ?
Si elle s’avère efficace et déterminante dans le haut-niveau, son rôle et son impact s’expriment également chez des pratiquants débutants.
Exemple illustré par une étude sur des plongeurs débutants (Terry, Mayer et Howe, 1998) :
Un programme d’entraînement mental est proposé à des plongeurs sous-marins débutants.
Comparativement au groupe sans entraînement, ils arrivent:
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] à diminuer leur anxiété,
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] à augmenter leur confiance en soi,
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] à diminuer leur rythme respiratoire
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] et à améliorer leurs performances.
La préparation mentale présente une utilité quel que soit le niveau d’expertise du sportif. Par contre, le recours de cette pratique chez des sujets jeunes est peu pertinent.
La démarche en préparation mentale ?
Il n’existe pas de consensus sur la démarche en préparation mentale. La multitude des intervenants provenant d’horizons, de formations et d’obédiences différentes, auquel s’ajoute la jeunesse de la discipline, ne permettent pas d’ériger un protocole et une démarche consensuelle.
La démarche exposée par la suite n’est qu’une démarche parmi tant d’autres mais elle est le fruit de l’expérience et de l’échange de différents intervenants dans le domaine, et la volonté d’inscrire la préparation psychologique dans un contexte rigoureux et scientifique.
Cette démarche a pour objectif d’optimiser la performance tout en préservant la santé et l’équilibre psychique du sportif. Lire l’article : « La démarche en préparation mentale »
Bien d’autres questions subsistent sur une profession en plein essor, mais qui de par sa jeunesse offre parfois le visage d’une profession aux contours incertains.
Néanmoins sa prégnance et son efficacité sont les gageures d’une profession qui se structure et se fédère dans un même objectif : celui d’offrir aux acteurs du monde sportif des clés pour accroître leur performance tout en préservant leur équilibre et leur santé. Nul doute que ce challenge collectivement partagé sera bientôt relevé !
Nathalie Crépin et Florence Delerue.