Implication Concentration, les bases du chemin vers la réussite

Implication et concentration sont des termes connus de tous, employés par tous, mais que cachent-ils, et que révèlent-ils exactement? Ne vont-ils pas au- delà de leur simple définition?
Implication : lorsque l’on cherche une définition qui pourrait se rapporter à ce que nous imaginons communément, Larousse nous propose :
– « Etat de quelqu’un qui est impliqué dans une affaire » ou « Conséquence attendue ». Ce qui vous en conviendrez est surprenant. Continuant mes recherches aux vues des premières définitions, je trouve chez Réverso :
– « Etat d’une personne impliquée, engagée dans une affaire fâcheuse » ou « conséquence logique et attendue » ce qui se précise en fonction de ce l’on imagine, pour enfin trouver une définition mathématique :
– « Liaison conditionnelle entre l’antécédent et le conséquent ». Et là, nous pouvons nous dire effectivement que, de mon degré d’implication, dépend l’obtention de mes attendus.

Le résultat étant une conséquence du processus mis en place, il dépend donc à son tour du degré d’implication. Cqfd.

Concentration : Selon Larousse :
– « Fait de se rassembler, de se réunir » ou « Action de faire porter toute son attention sur un même objet »
Nous pourrions traduire par : Focaliser son attention sur un processus de réalisation (action). Ou de manière plus familière, se mettre à l’abri de toute distractibilité et parasite interne et/ou externe afin de potentialiser l’obtention des attendus en termes de réalisation de la tâche.

D’un point de vue psychologique, nous avons plusieurs options :
–  » La concentration peut être définie comme l’habileté à focaliser son attention sur la tâche en cours, et, de ce fait, à ne pas être distrait ou affecté par des stimuli internes ou externes non appropriés » A.Schmid, E. Peper, 1993
– La concentration est un état détendu d’alerte ou de réceptivité à ce qui arrive, une habileté à sélectionner et maintenir une focalisation appropriée de l’attention.” Hogg, 1995
– “La concentration, c’est l’effort mental que l’on fournit pour maintenir son attention sur la tâche en cours. Moran, 1999

Pourquoi prendre du temps à définir ce que tout le monde croit connaître ?

Et bien justement pour éviter le phénomène de distorsion des représentations, et trouver in fine un consensus et une définition qui ne réduisent pas le mot à un concept, mais un réel état d’esprit au service de la performance de haut niveau.
Plus les choses sont floues plus il est difficile de mettre en place quelque chose de précis. Par extrapolation, plus les objectifs ont des contours flous, plus il sera difficile de mettre en place des procédures précises et efficaces.
Nous savons que plus les situations sont dangereuses, exigeantes ou d’un niveau très élevé, plus elles requièrent un niveau d’investissement physique et psychique important. Jusqu’au point parfois de nous faire passer dans cet état d’extra lucidité, de distorsion du temps, de sensation extrême que l’on appelle le flow (Csikszentmihalyi). Ainsi lorsque que l’implication et la concentration sont à leur comble et que le travail de répétition lors des entrainements permet une automaticité maximale, nous nous décentrons des enjeux, du résultat et nous sommes uniquement dans l’action. Ici et maintenant, à l’abri de toute distraction et au centre de la performance.

Cependant l’état de flow aujourd’hui n’est pas quelque chose que l’on contrôle. Par contre nous pouvons TOUT faire pour tendre vers, et ce dès l’entrainement.

En France actuellement, nous avons tendance à focaliser notre attention prioritairement sur le beau geste, la réalisation technique, pensant que « le beau geste » est indissociable de la victoire. Il y contribue certes mais ce n’est qu’un moyen, qu’une des composantes de la performance. Combien de sportifs ont développé une personnalisation de leur technique n’ayant pour souci que l’efficience et la victoire.
Si nous revenons à notre notion d’implication / concentration, il est clair que le geste réalisé avec ces deux éléments est beaucoup plus performant que si il est réalisé avec la focale uniquement gestuelle. Et surtout grâce à ces deux facteurs, l’athlète se trouve décentré de l’objectif de résultat.
Comment pouvons-nous activer ces deux éléments ?
La première chose est de donner du sens à chaque fois que l’athlète met un pied sur le terrain ou se prépare pour l’entrainement ou la compétition (hors terrain).
Demandez à un athlète pourquoi il s’entraine, il vous répondra à 90 % pour progresser ou pour être meilleur voire pour gagner, et non pour être prêt, se sentir fort au prochain match ou mobiliser son plus haut potentiel en fonction de la forme du moment. N’oublions (pas comme cela se passe malheureusement trop souvent), on s’entraine pour le match d’après et non pour l’entrainement d’après.

 Il faut donc :
– Définir AVEC lui ce dont il a besoin au-delà des objectifs de résultats, ce dont il a besoin pour se sentir de plus en plus fort et capable d’affronter des sportifs de plus en plus forts.
– Définir AVEC lui ce qu’il veut réellement et ce qu’il est prêt à faire pour obtenir ce qu’il veut
– Définir AVEC lui une ou des routines de performance en fonction des moments ou évènements pour qu’il puisse accéder au niveau d’implication et de concentration nécessaire. (principes de fixation d’objectif, au minimum S.M.A.R.T*)
– Définir AVEC lui un discours interne en totale congruence avec ce qu’il veut réellement
– Définir AVEC lui ce que c’est d’être pleinement engagé physiquement et psychiquement « ici et maintenant »
– Définir AVEC lui des critères d’auto évaluation lui permettant de réajuster son implication et sa concentration
– Définir AVEC lui ses forces et ses faiblesses car on gagne prioritairement avec ses forces
– Définir AVEC lui que la notion d’erreur (ou d’échec est un feedback, une information sur laquelle s’appuyer pour travailler encore et encore)

Demander aux entraineurs de ne pas engager des modifications ou des changements d’exercices voire de consignes, tant que le niveau d’implication et de concentration n’est pas optimum. Ce sont des prérequis incontournables de la performance au sens Anglo-saxon : « to performe » (effectuer, accomplir). L’exigence de l’entraineur doit d’abord se situer dans l’implication et la concentration avant de se situer dans la réalisation technique ou dans le résultat.

Nous pouvons dire communément que l’intention implique l’action. Certes, mais pour le haut niveau, l’implication / concentration permet l’intention précise et adaptée qui implique l’action précise et adaptée.

Des outils de préparation mentale autres que la fixation d’objectifs, les routines de performances, le discours interne, etc, tels que l’imagerie, la relaxation psychosensorielle de Vittoz** contribuent aussi à travailler et à augmenter le niveau d’implication et de concentration chez l’athlète.

Des outils technologique développés tels que « Neuro Tracker » contribuent aussi à ce développement.

Prenons un exemple : Un plongeur de « Cliff diving » qui arrive à 90 km/h dans l’eau s’entraine-t-il de la même manière en termes d’implication / concentration (Cf. définition mathématique) qu’un athlète qui court le 100m ou un joueur de foot. Il semblerait que non car l’exigence de la situation requiert un engagement total. Si on rate un 100m cela n’a pas la même conséquence que de rater un plongeon à 30m. Dans l’absolu, il faudrait que l’investissement de chaque sportif soi identique toute spécificité respectée mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. « On ne court jamais aussi vite que lorsque l’on a un ours enragé derrière soi » en caricaturant il faut apprendre à se mettre soi-même un ours derrière soi quand il n’y en a pas.

Fort de cet exemple nous pouvons dire que l’implication et la concentration c’est être pleinement engagé, focalisé physiquement et psychiquement dans le présent instantané « ici et maintenant ».

Stéphane Limouzin

*S.M.A.R.T : Spécifique, mesurable, orienté vers l’action, réaliste, défini dans le temps
**Relaxation psychosensoriel de Vittoz : La relaxation aide à entrer dans un rapport intime avec soi-même, hors de tout jugement sur soi. Elle nous donne accès à notre espace intérieur de tranquillité. Elle permet de réguler notre réceptivité (capacité à recevoir des informations externes et internes) et notre émissivité (capacité à émettre des sensations des émotions, des idées des jugements).

Anxiété une notion complexe dans le monde sportif

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L’anxiété, stress, activation, émotion: mais de quoi parle t’on ?

DgGL8BGS-istock-000002130949xsmall-s-Dans le domaine sportif, la gestion des émotions est considérée par les entraîneurs et par les sportifs comme l’une des clés de la performance. A ce titre, l’anxiété fut l’objet d’un intérêt tout particulier de la part des chercheurs.

Cependant, sa définition reste ambiguë et elle est souvent confondue avec d’autres notions comme l’émotion, l’activation ou le stress. Cette ambiguïté rend caduque certains résultats sur le type de relation existant entre l’anxiété et la performance.

Qu’est-ce que l’activation ?
L’activation est « un état général d’éveil physiologique et psychologique de l’organisme qui varie sur un continuum allant d’un sommeil profond à une intense agitation » (Gould et Krane, 1992). C’est l’énergie physique et psychologique de l’individu à un moment donné, et elle est fortement imprégnée de la notion de motivation.

Qu’est-ce que le stress ?
Le stress est un processus qui se définit comme « un déséquilibre substantiel entre les exigences (physiques ou psychologiques) et l’aptitude à y répondre dans des circonstances où l’échec à d’importantes conséquences » (McGRATH, 1970). Le stress survient donc dans des situations où le sujet perçoit un déséquilibre entre les ressources dont il dispose et les exigences (ou demandes) pour faire face à la situation. Le stress s’accompagne d’une cohorte de symptômes somatiques.

Qu’est-ce que l’émotion ?
Dans la définition de DECI (1975), « une émotion est une réaction à un stimulus événementiel ; elle entraîne un changement viscéral et musculaire de la personne et est ressentie subjectivement d’une façon caractéristique ; elle s’exprime à travers certaines mimiques et induit des comportements subséquents ». (DECI, Intrinsic motivation, New york, Plenum Press, 1975).

L’émotion peut donc être envisagée selon trois composantes :
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-carat-1-e »] [/sws_ui_icon] La première correspond à l’expérience subjective que l’on a de la situation et, point capital, ce que l’on ressent peut être agréable ou désagréable ;
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-carat-1-e »] [/sws_ui_icon] La seconde se traduit par des comportements observables personnels et sociaux ;
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-carat-1-e »] [/sws_ui_icon] La troisième se manifeste par des changements physiologiques.

Qu’est-ce que l’anxiété ?
Le mot anxiété vient du latin ANXIETAS qui signifie serrer.
Alors que les manifestations de l’émotion apparaissent en présence d’une situation réelle donnée, l’anxiété peut être considérée comme une peur sans objet, un sentiment d’insécurité. Elle est déclenchée par différentes causes, situations futures ou imaginaires, vécues comme un danger, ou pour le moins quelque chose de difficilement surmontable, pouvant être lié à des conflits intrapsychiques ou en rapport avec le monde extérieur, anticipation d’une action à risques ou considérée comme telle. » (Rivolier, 1999).

Xtz1pyfl-istockSur le plan psychique, l’anxiété est toujours ressentie de façon pénible, ce qui la différencie là encore de l’émotion.
Selon les individus, l’anxiété peut n’être qu’un état relativement banal (comme le trac), ou faire partie de pathologies allant dans sa forme extrême jusqu’à l’attaque panique.

Chez les sportifs, on a affaire dans la plupart des cas à une anxiété non pathologique, mais qui peut devenir invalidante en cas de la persistance d’une situation perçue comme menaçante.

L’anxiété est un état émotionnel négatif qui s’accompagne de tension, d’inquiétude, d’appréhension, associées à une activation de l’organisme.
Elle a donc une composante cognitive caractérisée par des sensations subjectives d’appréhensions et de tensions induitent par un risque d’échec et une composante somatique correspondant aux manifestations physiologiques perçues pendant la situation anxiogène.

La distinction faite par SPIELBERGER (1979) entre « l’état d’anxiété » et le « trait d’anxiété » est des plus utiles :
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Le premier terme correspond au tableau qu’un sujet présente uniquement dans une situation donnée, par exemple pendant une compétition importante, mais aussi diffère selon le moment de la compétition ;
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Le second correspond à une caractéristique générale, stable, de la personnalité du sujet sans rapport avec une situation spécifique.

Une relation directe existe entre l’anxiété de trait et l’anxiété d’état. Le sportif qui présente une anxiété de trait élevé (c’est-à-dire une composante anxieuse importante dans sa personnalité) va percevoir une anxiété d’état plus élevée en situation de compétition. Cependant, la mise en place de stratégies peut réduire cette anxiété d’état, même avec une anxiété de trait élevée.
La mesure de l’anxiété de trait reste cependant un bon indicateur de la réaction du sportif en compétition.

La mesure de l’anxiété trait et de l’anxiété état : les deux échelles de SPIELBERGER.
Ces échelles ne sont pas spécifiques au domaine sportif.
La forme trait : STAI forme Y2.
La forme état : STAI forme Y1.

anxiete

[sws_green_box box_size= »780″] Figure extrait de l’ouvrage : psychologie du sport et de l’activité physique, de R.S.Weinberg et D.Gould, Ed Vigot,1997. [/sws_green_box]

Mesure de l’anxiété
Adapté du « State-Trait-Anxiety Inventory » (Forme Y) de Spielberger (STAI-Y), l’Inventaire d’Anxiété Etat-Trait est destiné à évaluer, grâce à deux échelles de 20 items, l’état et le trait d’anxiété.

Crépin Nathalie
Delerue Florence

Le démon du « mieux »

 

Le mieux est l’ennemi du bien

Les procédures, les outils, les diagnostiques de la Préparation mentale ne sont pas forcément aussi compliqués que cela semble être. Parfois les notions les plus évidentes, les plus simples, celles qui devraient nous « crever » les yeux sont celles qui ont le plus de mal à être mises en lumière. D’ailleurs, certaines expressions largement utilisées « l’air de rien » ont tendances à générer plus de problématiques que de solutions. Prenons donc l’exemple de cette fameuse phrase :  « On peut toujours faire mieux ».

Qui n’a pas eu en tête ou entendu, par un parent, un entraineur, un professeur, l’idée que l’on peut toujours faire mieux ou qu’il y a toujours mieux à faire, quel que soit les situations.

Cependant, nous sommes nous posé la question de ce qui pouvait être provoqué lorsque nous entendions, ou voulions faire « mieux ». Mieux que quoi ?, mieux que qui ?, mieux que quand ? Et tout simplement, que veux dire faire mieux ?

Définition de « Mieux » : d’une manière meilleure, plus convenable (Larousse)

Nous pouvons donc déduire que pour « faire mieux » il faut déjà avoir produit quelque chose. Par conséquent, dans un premier temps, il faut donc déjà avoir effectué un acte avant de vouloir le faire mieux. Nous savons par ailleurs que la confiance en soi est la croyance en la capacité de réussir. De ce fait la confiance pour être nourrie, semble nécessiter la satisfaction (j’ai bien fait) des actes produits. Ainsi la notion d’accomplissement pourra émerger.
Mieux pourra être entendu alors par : faire « plus bien » que bien. Ce qui implique alors qu’avant de faire mieux il faut avoir déjà « fait bien » ou reconnu d’avoir « fait bien » ou bien fait.

 A son tour que veut dire avoir bien fait ?

Bien fait, n’est pas d’avoir réussi, car réussir, implique un résultat, et un résultat est la conséquence d’une opération. C’est-à-dire une succession de situations dans lesquelles nous avons pu faire notre maximum, en fonction du moment et de la forme du moment.
En d’autres termes, nous pouvons traduire que bien faire est un processus de réalisation d’objectifs intermédiaires (performance et processus) qui mis bout à bout donne le maximum de chances de réussite. De ce fait, si la réussite n’est pas au bout du chemin, nous ne pouvons rien nous reprocher car nous avons fait tout ce qui était dans nos possibilités, (potentialité).

Prenons l’exemple d’un alpiniste qui ne regarderait uniquement la montagne à grimper afin de prévoir son ascension. La tâche serait rude à envisager : par quel bout commencer? Par contre si celui commence à déterminer le chemin à emprunter et à le diviser en étape, il pourra se préparer au mieux pour chaque étape qui enchainées, devrait le conduire au sommet.
Dorénavant lorsqu’il regarde la montagne, il ne la voit plus mais s’offrent à ses yeux les différentes étapes fixées. (Cf. schéma).

Montagne

Après fixation d’objectifs :

Fixation d'objectifs

 

En accordant de l’importance aux étapes et aux objectifs intermédiaires, on ne voit plus l’objectif de résultat et ainsi la tâche devient beaucoup plus accessible par une succession de réussites qui amène logiquement vers le succès final. On ne voit plus la difficulté première.

Après l’adage, « le mieux est l’ennemi du bien ». Accordons nous donc la possibilité de « faire bien » (notion de satisfaction, d’accomplissement) et de le reconnaître (auto efficacité (Bandura)), avant de vouloir faire mieux. Car, vouloir faire mieux en permanence, implique que nous ne sommes jamais satisfaits de ce que nous faisons. Notre confiance et notre estime de soi dépendent aussi de notre capacité à être content de nous afin de conserver une motivation (envie d’agir) croissante.

Par conséquent, il semble que l’idée de « faire mieux » soit beaucoup plus néfaste qu’elle ne parait, étant donné que dans la notion du « mieux faire permanent », il y a le sentiment d’insatisfaction du travail accompli. En effet toujours vouloir faire mieux, empêche la notion d’accomplissement et projette inéluctablement vers le futur, interdisant tout ancrage dans le présent, créant ainsi une instabilité émotionnelle. Nous ne pouvons agir que sur des situations vécues dans le présent.

« Oublie ton passé qu’il soit simple ou composé, participe à ton présent pour que ton futur soit plus que parfait »
A toute personne voulant d’elle-même, faire toujours mieux. A toute personne (parent ou entraineur, professeur) induisant de manière récurrente l’idée que l’on peut toujours faire mieux, attachez-vous et prenez le temps en premier lieu à reconnaitre ce qui est bien fait dans une situation pour en déduire ce qui doit être amélioré avant de vouloir mieux faire immédiatement (L’erreur est la petite lanterne qui met en lumière ce qui doit être encore travaillé).

Stéphane LIMOUZIN

Augmenter ses performances grâce à l’imagerie motrice

 

L’imagerie « motrice » (IM) (ou imagerie de « reproduction ») est le fait d’imaginer un mouvement ou un geste technique sans manifestation physique observable. Les premières nombreuses études sur imagerie et sport se sont principalement concentrées sur le fait que l’imagerie motrice pouvait favorisait l’apprentissage moteur, l’amélioration de la technique ou de l’habileté sportive en vue d’optimiser la performance sportive. De ce fait, nous pouvons souvent entendre dire qu’un « un geste imaginé équivaut à un geste réalisé ». Mais qu’en est-il exactement ? Depuis plusieurs années les neurosciences et la psychophysiologie tentent de répondre à cette question et ont effectivement mis en avant des similitudes entre mouvement réel et imaginé.
D’abord, notons des similitudes au niveau de l’activation des structures cérébrales. En 2008, Hanakawa et Al., ont mis en évidence ces similitudes.

Imagerie motrice

Les zones en bleu turquoise indiquent les aires cérébrales activées par l’imagerie motrice. Les zones en violet indiquent les aires cérébrales activées par le mouvement réel. Les zones en bleu foncé indiquent que les aires cérébrales qui sont activées à la fois par le mouvement réel et imaginaire. L’intensité des activations cérébrales au cours de l’IM est toutefois réduite comparativement à celle induite par le mouvement volontaire (Lotze et Halsband, 2006).

Ensuite, notons une similitude comportementale : l’isochronie. Beaucoup d’études ont identifié une forte corrélation entre les durées des mouvements réels et imaginés (Decety et al., 1989 ; Munzert, 2002 ; Papaxanthis et al., 2002).

Guillot (2008) précise qu’il y aurait donc un risque potentiel de transformation involontaire du mouvement, lorsque le travail mental ne respecte pas le principe de l’isochronie. En effet, Boschker et al.(2000) ont testé des sujets ayant appris une séquence de 12 mouvements rythmiques des membres inférieurs (déplacements d’appuis) à vitesse « normale », puis ont été répartis dans 5 groupes : pratique physique ralentie, pratique physique accélérée, imagerie motrice ralentie, imagerie motrice accélérée et condition contrôle. Les résultats ont montré qu’un entraînement mental accéléré ou ralenti pouvait modifier la vitesse d’exécution réelle du mouvement. Ces résultats ont été également observés par Guillot (2008) chez des judokas de niveau national (ceintures noires).

L’auteur précise : « ces effets témoignent à la fois des dangers et des bénéfices que peut procurer la non-conservation des caractéristiques temporelles du mouvement pendant l’imagerie. Elle peut conduire le sujet à modifier involontairement la vitesse d’exécution, probablement au détriment de la qualité du mouvement. Au contraire, un sujet capable de reproduire la durée du mouvement pendant l’imagerie pourrait, dans un deuxième temps, modifier volontairement sa durée pour corriger une gestuelle ou gagner en vitesse d’exécution ».

Enfin, notons des similitudes au niveau de l’activation du système nerveux autonome (neurovégétatif). Selon Di Rienzo (2013), au cours de l’imagerie motrice, il y aurait une certaine préservation de la commande neurovégétative au niveau de l’activité cardiorespiratoire et électrodermale.

Nous pouvons donc, mettre en évidence, l’intérêt d’intégrer l’imagerie mentale aux entraînements des sportifs. D’autant plus, que celle-ci ne génère pas de fatigue neuro-musculaire par rapport aux entraînements réels (Rozand et Al., 2014). Il n’a plus qu’à…

Sylvain Baert

Fiches réflexion INSEP

Le groupe ressource Psychologie et Performance de l’INSEP vous propose des fiches « réflexion » sur la préparation mentale.

Fiche réflexion n°1: Les dangers de la dépendance au sport, N.Crépin

Fiche réflexion n°2: Le recours à un intervenant extérieur, C. Traverse

Fiche réflexion n°3: Gagner à quel prix?, C. Traverse

Fiche réflexion n°4: Quelle place accorder à l’autonomie du sportif, M Baton

Fiche réflexion n°5: Comment apprendre de ses échecs, G. Monier

Fiche réflexion n°6: Quel état d’esprit pour l’excellence en compétition, G. Monier

Fiche réflexion n°7: L’articulation des actions des entraîneurs, JM Mattuissi

Fiches outils INSEP

 

Le groupe ressource Psychologie et Performance de l’INSEP vous propose des fiches outils sur la préparation mentale.

Fiche outil n°1: Les signes de reconnaissance, O.Guidi

Fiche outil n°2: La respiration abdominale, N. Crépin

Fiche outil n°3: Les techniques de relaxation, N.Crépin

Fiche outil n°4: Le switch : basculer et changer, N.Crépin

Fiche outil n°5: Accompagner les athlètes blessés, N. Debois

Fiches outil n°6: La respiration carrée, O.Guidi

Fiche outil n°7: Le triangle Karpmann, M. Baton

Fiche outil n°8: La cohésion de groupe, N.Crépin

Fiche outil n°9: Les routines de concentration, E. Rosnet

Fiche outil n°10: Critiquer de façon constructive, G. Monier

Fiche outil n°11: Méditation et sport, O. Guidi

Fiche outil n°12: L’entretien d’auto-confrontation, AC Maquet

Fiche outil n°13: Fixer des objectifs, O. Guidi

Fiche outil n°14: L’imagerie mentale, AC Maquet

 

Le flow ou l’état optimal de performance. A la recherche du Graal…

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Concept peu connu du monde sportif, le flow est pourtant vécu par une majorité de sportif de haut niveau. C’est un état qui est associé à la confiance et à la performance maximale. Il présente presque toujours les mêmes caractéristiques.

Ce concept de flow peut se définir comme un état d’équilibre parfait entre les exigences de la situation et le potentiel développé par l’athlète. Cet état, souvent qualifié de « petits nuages » ou de « pilote automatique » est en effet un état de réussite majeure, en prise directe avec le réel, facile, économique, où chaque action est pertinente et où les erreurs sont presque inexistantes.

Les exemples dans la littérature sportive sont nombreux.

Carole Montillet, championne olympique de descente à Sault Lake City, explique sa sensation de « voler au-dessus des bosses » qui l’effrayaient quelques jours auparavant. (Extrait de l’Equipe du 12 février 2002).

Certains sportifs relatent l’impression d’être dans un autre monde, de marché à un mètre du sol comme s’il flottait.

Cet état de flow se retrouve également dans les sports collectifs. C’est alors tout un groupe qui agit à l’unisson, les gestes sont précis, les erreurs presque inexistantes et les choix tant techniques que tactiques les meilleurs. Se dégage alors de l’ensemble du groupe un sentiment d’harmonie et d’invincibilité. C’est ce qu’exprime Laurent Sciarra, meneur de jeu de l’équipe de baskets à Sydney,

« Si on prend le temps d’être en harmonie, on peut renverser des montagnes. » (extrait de l’ouvrage de Heuzet dans préparation psychologique dans les sports collectifs, I.N.S.E.P., Paris 2001).

Mais cette notion de flow s’exprime davantage encore dans les propos du capitaine de l’équipe de hockey sur glace a championne olympique à Nagano : « oui, il y avait une alchimie. Je ne sais pas comment exprimer. On pouvait la sentir dans le vestiaire, presque la toucher. Tout le monde allait dans le même sens. Je ne saurais dire d’où ça venais mais c’était la. »
(L’Equipe du 10 février 2002).
Les exemples sont nombreux mais il semble qu’il soit parfois difficile de décrire cet état.

Pourtant ces caractéristiques sont presque toujours les mêmes. Certains auteurs nous en offrent un descriptif.
Wienberg-Gould proposent à partir d’interviews d’athlète (Athlètes in flow, Journal of Applied Sport Psychologie, 1992) plusieurs caractéristiques de la fluidité, caractéristiques complétées par Christian Target dans son ouvrage manuel de préparation mentale aux éditions Chiron.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-bullet »] [/sws_ui_icon] « Une immersion complète dans l’activité », qui « isole du reste du monde ». La concentration est maximale et reste focalisée sur l’action à venir.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-bullet »] [/sws_ui_icon] « Une sensation de contrôle, de perfection et d’efficacité maximale ». Seules les informations pertinentes sont traitées par le sportif. Bien qu’ils évoquent l’impression d’un pilotage automatique, paradoxalement, c’est un traitement stratégique de l’information qui s’opère à cet instant-là.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-bullet »] [/sws_ui_icon] «Fixation d’objectifs ou récompense extérieure à l’activité » ce qui veut dire que le sportif ne se focalise pas uniquement sur le résultat. La notion d’échec ou de réussite est ici absente.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-bullet »] [/sws_ui_icon] « Une impression de faciliter ». L’athlète est détendu et relâché.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-bullet »] [/sws_ui_icon] « Une impression de plaisir. » Le plaisir est au centre de la préoccupation du sportif.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-bullet »] [/sws_ui_icon] Le problème de la confiance ne se pose pas.

Daniel Goleman dans son ouvrage « l’intelligence émotionnelle » aux éditions Laffont, observe qu’en état de fluidité « le paradoxe est que les choses les plus difficiles sont faciles, les performances exceptionnelles sont tout à fait naturelles. À l’intérieur même du cerveau, on observe un paradoxe similaire, les tâches les plus compliquées sont accomplies avec une dépense d’énergie minimale ».
Dans cet état, plus les individus sont concentrés sur la tâche à accomplir, plus leur cerveau «se calme, c’est-à-dire que l’excitation corticale diminue». Il résuma ses propos en en parlant « d’un oasis d’efficacité corticale ».

Cet état de fluidité, véritable Graal du sportif, est une quête permanente pour l’athlète.
Weinberg-Gould nous propose des pistes pour tenter d’accéder à cet état.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrow-1-e »] [/sws_ui_icon] être bien entraîné.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrow-1-e »] [/sws_ui_icon] canaliser les énergies restait détendu.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrow-1-e »] [/sws_ui_icon] maintenir une focalisation adéquate.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrow-1-e »] [/sws_ui_icon] prendre plaisir à l’activité en cours.

Pour Christian Target, les caractéristiques de fluidité sont celles de la confiance, et par conséquent passe par les mêmes voies, c’est-à-dire l’optimisation des savoir-faire permettant l’accès la confiance.

Pour des auteurs comme Goleman et Csikszentmihalyi, cet état exige des conditions particulières : « les individus semblent se concentrer mieux lorsque la tâche est un peu plus exigeant que d’ordinaire et qu’ils sont capables de donner davantage d’eux-mêmes. Si c’est trop facile, ils s’ennuient. Si c’est trop difficile, ils deviennent anxieux. La fluidité apparaît dans ces zones délicates délimitées par l’ennuient et l’anxiété. »

En reprenant la formule proposée par Christian Target, il semble fondamental d’activer l’émostat, d’optimiser la concentration et l’anticipation sur les sensations. Il n’y a en effet pas de grandes performances sans l’émotion qui la guide. C’est émotion qui va recruter le niveau d’énergie adaptée aux besoins de la compétition.
Pour activer l’émostat :
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrow-1-e »] [/sws_ui_icon] la préparation physique énergétique doit être optimale.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrow-1-e »] [/sws_ui_icon] il faut construire et activer les émostats. « Le fait de pouvoir canaliser ses émotions vers le but donné est une aptitude primordiale. » Chaque compétition, quelle que soit sa nature, sa forme, exige la mise en état émotionnel particulier et ciblé, que ce soit dans la phase de préparation à la compétition ou que ce soit pendant l’épreuve, il est indispensable de trouver les états mentaux qui vont permettre de se brancher sur la réalisation de la performance optimale.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrow-1-e »] [/sws_ui_icon] chassez l’anxiété et apprendre à aimer la pression. Michael Johnson, cinq fois médaillées d’or aux jeux olympiques et neuf fois champion du monde d’athlétisme, nous donne la réponse : « la pression, il ne faut jamais la haïr ; au contraire, il faut l’aimer. »
(Extrait de de l’équipe du 6 août 2001).
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrow-1-e »] [/sws_ui_icon] recherchez le plaisir. « Le plaisir est une garantie, c’est un bon moyen d’oublier le contexte et l’environnement » rappelle le capitaine de l’équipe de France de volley.

visualisationPour cela, la pratique de l’imagerie est absolument indispensable pour accéder à celle des savoir-faire. C’est un outil de base à la portée de chacun. La pratique de la relaxation apparaît également importante, par la capacité de ressourcement qu’elle entraîne et par l’excellente introduction qu’elle fournit à l’imagerie. La répétition mentale, le programme mental de correction sont également des procédures indispensable, nécessaire de connaître et d’utiliser au quotidien. Elles permettent respectivement d’apprendre et de perfectionner un geste ou un comportement, et de le corriger si nécessaire sans avoir uniquement recours à la pratique de terrain.
Il décrit également la nécessité de mettre en place des objectifs clairement définis, de contrôler le système de croyances qui nous gouvernent, de pratique, d’organiser et planifier un entraînement mental.

Par ses répercussions sur la performance mais aussi se bien-être qu’il procure, le flow constitue un véritable Graal, une quête éperdue pour le sportif.

L’histoire d’un être condamné…à devenir champion ! Ou chronique d’un champion annoncé : celle de TIGER WOODS

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Bien avant sa naissance, son père, Earl Woods poursuit un parcours qui peu à peu va l’amener à envisager pour son fils un destin hors du commun.

Earl Woods né dans les années 1930 aux Etats-Unis, à une époque où son métissage d’asiatique, de noir et d’indien constitue une véritable barrière pour une ascension sociale.

Qu’importe ! Il s’engage dans les Green Berets, les « durs à cuire » de l’armée américaine. Il part au Vietnam et à son retour se sépare de sa femme et de ses trois enfants. En Asie, il fait la connaissance de Kutilda, qui est comme lui un peu Thaïlandaise, Chinoise et Européenne. Ce n’est que six ans après que naîtra Eldrick Woods, surnommé dès sa naissance Tiger!
Earl décide que Tiger aura une histoire hors du commun, et il va consciencieusement et rigoureusement le préparer à ce destin.

Il choisit le golf parce que « le golf tire par le haut, par essence. Il force les gens qui y adhèrent à un comportement plus noble ».

Première étape, amener Tiger à vouloir faire du golf.
US Tiger WoodsIl va peu à peu, méthodiquement, forger Tiger pour devenir un champion, recourant fréquemment aux méthodes apprises à l’armée. Première étape, amener Tiger à vouloir faire du golf. Pour ce faire, il oblige Tiger, encore bébé, à rester tranquille et à regarder dans sa chaise pendant qu’il swing dans le garage de la maison. L’effet recherché est évident : Tiger frétille d’impatience de faire comme papa, mais c’est aussi un premier apprentissage du contrôle et de la maîtrise de soi.

Pour accroître sa maîtrise, sa gestion de ses émotions, et sa concentration, Earl, lors des entraînements, utilise des techniques apprises à l’armée: il tousse, fait du bruit, démarre son véhicule au moment où Tiger va putter.
Et Tiger exploitera ces atouts sur le green : jamais en colère, dans une maîtrise parfaite de ses émotions, le regard dans le vide, anticipant parfaitement les pièges du parcours.

A 6 ans, Tiger écoute des cassettes subliminales (motivational cassettes) ;
A 10 ans, il pratique des séances d’hypnose avec cette phrase en leitmotif : « Aie confiance dans le coup, plus qu’en toi-même ».
Il développe tout au long de son enfance une relation fusionnelle, quasi mystique, avec son père et dira plus tard communiquer avec lui par télépathie lorsqu’il est sur le green. Et sa mère dans cette histoire si particulière ? Elle est elle aussi omniprésente sur les greens et lui prodigue des conseils.

Pour compléter cette formation, il emmène Tiger alors âgé de 11 ans, passer 6 mois dans un camp militaire ». Tout est passé en revue, de la psychologie d’intimidation au contrôle émotionnel, allant jusqu’à le former aux techniques d’interrogatoire de prisonnier de guerre. Il se forge une force tant physique que psychologique à toute épreuve :

Une machine à gagner que rien ne déstabilise!
« Le cerveau de Tiger est alimenté par son subconscient, c’est d’ailleurs son meilleur côté »
(Earl Woods ».
Et son palmarès est édifiant. Il devient en 2001, le premier joueur de golf à remporter le grand chelem (quatre titre du grand chelem en même temps) baptisé le Tiger Slam.

Earl Woods décède le 3mai 2006. En août 2006, il remporte son 50ème tournoi sur le PGA Tour. Il est le plus jeune joueur de l’histoire à atteindre cette marque. Il termine l’année en remportant 6 tournois de suite et en remportant les 3 trophées les plus prestigieux. C’est la 7ème fois qu’il remporte ces 3 trophées la même saison. Nouveau record !

Un destin extraordinaire pour une histoire magnifique ???
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Vivre ensemble, mourir ensemble !

Informer > Articles > Cohésion de groupe et leadership
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La cohésion de groupe comme facteur déterminant dans les performances d’une équipe : l’alchimie vers le succès.

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« L’enfer, c’est les autres » écrivait Sartre (1945) dans son ouvrage « huis clos ».
Intuitivement, tous les passionnés de sport savent que derrière tout succès d’une équipe, il y a bien plus qu’une somme de talents individuels. « Le tout est supérieur à la somme des parties. » (courant de la gestalt). Sportifs et entraîneurs lient fréquemment les succès et les échecs à la cohésion du groupe, de l’équipe. Un principe bien connu en sport : un groupe soudé est bien plus efficace que des joueurs œuvrant chacun de leur côté. Les exemples de cette nature foisonnent dans les journaux.

L’équipe de France de football lors de la coupe du monde 2006 nous offre une illustration de l’impact de la cohésion de groupe sur la performance avec sa légendaire formule « vivre ensemble, mourir ensemble », qui dénote à la fois cette profonde attirance pour le groupe mais aussi cette envie d’avancer dans le même sens, vers un but commun. Cette volonté d’être champion du monde n’est pas la seule émulation lors de cette compétition. Une conjoncture tout à fait particulière va unir et souder ce groupe pour lui permettre de « déplacer des montagnes ». Et c’est justement dans la montagne, lors de l’ascension au sommet de la grande Motte, que cette aventure prend un tournant particulier. Domenech, sélectionneur de l’équipe de France a pris soin, lors de cette ascension, de former des cordées de quatre joueurs évoluant aux mêmes postes. « Le but est que les membres de la cordée ne fassent qu’un. Si l’un d’entre eux lâche du lest, les autres sont là pour le motiver » (Domenech). « Pour Raymond, le mondial a démarré avec l’expédition », confirme l’organisateur de la randonnée.

Soccer - 2006 FIFA World Cup Germany - Semi Final - Portugal v France - Allianz ArenaRien de tel en effet pour souder un groupe d’être attaché ensemble, au sens premier du terme, et de pouvoir ainsi relever un défi qui nécessite à la fois de se dépasser mais aussi de faire preuve de solidarité, le tout dans un décor hors du commun, pour un objectif peu commun.

Enfin, un autre ingrédient vient s’ajouter ; chaque match joué après les qualifications est un match couperet pour Zinedine Zidane, footballeur emblématique et charismatique qui stoppe sa carrière à la fin du mondial. C’est l’émulsion d’un groupe qui permet de retarder tous les jours un peu plus sa mise en retraite.

La cohésion est en effet essentielle pour l’efficacité collective et individuelle.
Les caractéristiques de la cohésion.
Carron définit la cohésion des groupes comme « un processus dynamique qui se caractérise par la tendance d’un groupe à se serrer les coudes et à demeurer unis dans la poursuite de ses objectifs ».
Une autre définition est proposée par Festinger (1950) qui définit la cohésion comme « l’ensemble des forces qui agissent sur les membres pour les faire demeurer au sein du groupe ».

Selon ces auteurs, des forces distinctes agissent sur les membres pour les garder dans le groupe. La première est l’attrait du groupe, qui se rapporte au souhait individuel d’avoir des interactions interpersonnelles avec les autres membres du groupe et au désir de participer à des activités de groupe.

teamLa seconde catégorie de force se réfère au bénéfice qu’un membre peut retirer de son association au groupe. Cette seconde catégorie de force est appelée le contrôle des moyens.

Les recherches menées dans ce domaine ont fait ressortir deux concepts permettant de saisir le lien entre la cohésion et le comportement d’un groupe : la distinction entre la cohésion opératoire (phases d’exécution de la tâche) et la cohésion sociale. La cohésion ne se limite pas à l’aspect affectif et social mais elle se réfère aussi à la tâche.

La cohésion opératoire et la cohésion sociale sont deux composantes indépendantes. La cohésion opératoire est le degré de collaboration des membres du groupe dans la poursuite d’un but bien précis.

La cohésion sociale est le degré d’attirance entre les membres du groupe et le degré de satisfaction des membres de ce groupe à évoluer ensemble.

Ces deux composantes sont donc indépendantes dans le sens où les membres d’un groupe peuvent tendre vers un but sans pour autant qu’il y ait un sentiment fort entre les membres de ce groupe. Le monde sportif nous offre des exemples multiples dans ce sens.

En 1992, Carron et Spink ont démontré qu’il y a une adhésion plus évidente à un programme d’activités physiques lorsque la cohésion sociale du groupe s’améliore.

Modèle conceptuel de la cohésion des équipes sportives de Carron : les déterminants de la cohésion.
Figure 5 : Modèle de Carron
modele de carron

Les facteurs environnementaux, personnels, d’équipe et de leadership sont déterminants dans la cohésion au sein d’un groupe et ceci va fortement influencer les performances.

Cohésion et performance.
Le concept de performance ne se limite pas au fait de gagner. Il englobe à la fois les résultats positifs mais aussi l’atteinte d’objectifs fixés. Une équipe peut par exemple se fixer comme objectif de se maintenir dans la même division, et cet objectif, s’il est atteint, constitue une performance. La performance peut aussi être rattachée aux notions de transformation et de progression, comme améliorer son revers lifté par exemple.

Les recherches ont invariablement montré qu’il existait une forte corrélation entre la cohésion et la performance sportive. Cette corrélation est plus forte pour la cohésion opératoire. Cette relation entre cohésion et performance est circulaire : si la cohésion augmente la performance sportive, le succès renforce la cohésion.
De même, les groupes sportifs qui font preuve d’un niveau élevé de cohésion, essentiellement de cohésion opératoire, augmentent leur efficacité collective (Kozub et Mc Donnell, 2000). Mais cette cohésion doit être homogène, c’est-à-dire que l’ensemble du groupe doit être concerné et non pas seulement les plus performants. Par exemple, cette cohésion doit être forte chez les titulaires d’une équipe, mais également chez les remplaçants, si l’entraîneur souhaite augmenter son efficacité collective.

Ainsi la victoire dans une compétition ne revient pas forcement à l’équipe constellées de stars qui réunissent les plus grandes qualités tant sur le plan physique, technique, tactique et mental. Et les exemples sont nombreux.

« Personnellement, je vois l’équipe comme un tissu complexe de compétences et d’émotions où il est difficile d’évaluer les mécanismes de stagnation et de régression. Une équipe marche bien s’il ya une part conséquente d’éléments de liens, d’écoute, d’amour, de joie d’être ensemble, ces choses qui font que l’on se transcende naturellement. Regardez l’équipe de France de foot de 1998-2000 : les liens comptaient plus que les compétences. En 2002, c’était l’inverse. Ma préoccupation, quand j’étais entraîneur, était toujours d’extraire le meilleur potentiel relationnel d’un mélange de personnalités. Sur le terrain, il fallait des guerriers, des artistes, des stratèges.» (Daniel herrero, Toulon et PUC, rugby).

Nathalie Crépin, Florence Delerue

Histoire de la psychologie du sport

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brain2-2Si la psychologie du sport est une science récente (dans les années 1980 en France) son origine remonte néanmoins au XIXe siècle. Son histoire se découpe en cinq périodes dont chacune est illustrée par des personnes et des événements particuliers.

Les premières années (1895 –1920) :
1897 : première expérience scientifique en psychologie du sport pour étudier les effets de la présence d’autrui sur la performance.
La psychologie du sport débute vers 1890 en Amérique du Nord avec Norman Triplett, un psychologue de l’université de l’Indiana et passionné de cyclisme.
Il s’interroge sur le fait que les cyclistes qui courent en équipe courent plus vite que lorsqu’ils courent seuls, pour un contre-la-montre par exemple.
Pour vérifier son hypothèse, il réalise une expérience dans laquelle des enfants doivent enrouler aussi rapidement que possible une corde sur un moulinet. Les résultats de son expérimentation montrent que les enfants enroulent plus de corde lorsqu’ils s’exécutent en présence d’un autre enfant.
D’autres études par la suite vont infirmer ce résultat.

1899 : E.W.Scripture décrit les traits de personnalité susceptibles de se développer grâce au sport. Ses recherches portent essentiellement sur les bienfaits de l’activité physique.
Le développement de la psychologie comme science a incité les psychologues à rechercher de nouveaux domaines d’études. Le domaine sportif a alors constitué pour certains un domaine privilégié permettant l’étude des facteurs psychologiques reliés à la performance motrice.
Parallèlement les recherches en psychologie du sport se développent en Allemagne et en Russie.

[sws_blue_box box_size= »600″]Mais le véritable fondateur de la psychologie sportive américaine est Coleman Griffith. [/sws_blue_box]

L’époque de Griffith (1921 1938).
Psychologue, il met sur pied le premier laboratoire de psychologie sportive. Il participe également à la création de l’une des premières écoles d’entraîneur aux États-Unis et écrit deux ouvrages sur la psychologie du sport.
Il décrit les profils psychologiques de figures emblématiques de l’équipe de base-ball. Il échange également avec des entraîneurs sur la préparation psychologique d’une équipe. Il montre un engagement un intérêt particulier pour l’amélioration des pratiques sportives.
Aux Etats-Unis, la psychologie du sport fut principalement influencée par la théorie de la personnalité et le concept de trait.
Parallèlement, la psychologie du sport se développe en Allemagne, au Japon et en Russie, sans pour autant qu’il y ait échange entre eux.

Mise en place d’un savoir scientifique sur la psychologie du sport. (1939-1978).
Lors de cette période, la psychologie du sport est influencée à la fois par l’éducation physique mais aussi par la psychologie. En découle alors deux orientations : la première se développe dans une perspective appliquée et répond ainsi aux besoins précis du milieu sportif et la deuxième orientation vers le domaine théorique et conceptuel développé dans les laboratoires.

Franklin Henry, de l’Université de Berkeley, voue sa carrière à l’étude des facteurs psychologiques dans le domaine sportif et l’acquisition des habiletés motrices. Il forme également de nombreux étudiants qui eux même entreprennent de former d’autres professionnels et enrichissent les données scientifiques sur le sport.
La période 1950 à 1965 est considérée comme la période durant laquelle la psychologie du sport s’est le plus développée, période qui correspond à l’essor des fondements théoriques en psychologie.

Les théories de la personnalité, de la gestalt, de la motivation influencent fortement le courant de la psychologie du sport.
Vers le milieu des années 1960, l’éducation physique a déjà atteint le statut de discipline universitaire et la psychologie sportive en constitue une base.
Le système sociopolitique des pays précurseurs en psychologie du sport marque profondément l’orientation en psychologie du sport.
En Union Soviétique par exemple, la psychologie du sport est planifiée par le gouvernement dans une perspective d’ensemble, contrôlée et orientée vers l’atteinte de performances maximales en compétitions sportives internationales (Schneidman, 1979). Elle se développe donc dans une perspective appliquée plutôt que fondamentale, avec le concept de préparation psychologique à la compétition instaurée au cours des années 1960.

En Europe et aux États-Unis, les sujets d’études sont principalement axés sur l’étude du stress et de ses effets sur la performance, ainsi que l’étude des traits de personnalité. L’évaluation de la personnalité au moyen de tests a constitué un des sujets de recherche le plus souvent investigué durant cette période. Les ouvrages sur le thème de la psychologie du sport prolifèrent.

En France, dès 1950, auprès de l’équipe de France de ski de piste, A.Bouvet met en place une batterie de tests d’évaluation et en vérifie sa validité. Il initie le yoga comme moyen de préparation psychologique. Mais sa démarche novatrice ne reçoit que de très rares échos.

A partir de 1965 la psychologie du sport a été reconnue comme discipline structurée, autonome, scientifique et comme profession.
L’évaluation des traits de personnalité en milieu sportif, principal sujet de recherche de la période précédente, est peu à peu abandonné.
Les recherches, principalement effectuées en laboratoire, s’orientent davantage vers les théories de la facilitation sociale ou celle du renforcement social.
Aux jeux olympiques de Mexico, en 1968, des psychologues du sport comme M.Vanek (Tchèque) et B.J.Cratty (Américain) interviennent régulièrement auprès des équipes nationales. Après de multiples échanges sur leur pratique, ils écrivent un ouvrage pionnier : « psychologie sportive et compétition ».

Vers la fin des années 1970, Martens a cependant provoqué un autre changement majeur en remettant en cause les résultats obtenus en laboratoire. psy-sportLes recherches s’orientent alors dans une perspective appliquée, avec pour objet principal le développement des habiletés psychologiques telles que la pratique mentale de la gestion du stress (Landers,1983).
Cet intérêt pour la psychologie appliquée n’a cessé de croître jusqu’à nos jours, parce qu’elle doit répondre à la demande de plus en plus importante du milieu sportif mais aussi parce qu’elle est devant la nécessité de démontrer l’efficacité de ses méthodes.

Les champs d’intervention se sont développés. Ainsi pour Singer (1978), la psychologie sportive s’adresse à tout individu quelque soit son âge, son sexe et son niveau de pratique. Au contraire, pour d’autres auteurs comme Thomas (1983), elle s’adresse aux athlètes de haut niveau dans une perspective d’accroître sa performance.
La psychologie du sport contemporaine est marquée par la création du « Journal of sport psychology » en 1979.

Mais il faut attendre 1988 pour voir la participation de psychologues sportifs comme accompagnateurs de l’équipe olympique américaine.

Le XXIème siècle : l’ère de la performance sportive et donc de l’aide à la performance.
Depuis 1988, son essor est spectaculaire. Ce mouvement ne fait que s’accélérer avec un intérêt croissant du sport de haut niveau pour l’apport des psychologues. Mais aussi parce que ce sport de haut niveau connaît de fortes transformations et une médiatisation qui exacerbe ce phénomène et renforce les enjeux autour du sport de haut niveau. Un exemple de cette reconnaissance: l’équipe d’athlétisme des États-Unis, soit environ 180 athlètes, est encadrée pendant certains entraînements et pour les compétitions principales par quinze psychologues du sport, selon une répartition très fonctionnelle des tâches ; par exemple, un psychologue qui s’occupe des sauts horizontaux, un autre psychologue traite des sauts verticaux…

Cette légitimité du psychologue du sport contraste avec une problématique majeure autour de la profession, autour de la discipline professionnelle. Cette problématique est essentiellement centrée sur les exigences de formation et d’accréditation imposées. La psychologie du sport est régie dans la plupart des pays par une réglementation rigoureuse spécifiant la nécessité de l’obtention du titre de psychologue, titre légalement protégé. Or, une grande majorité des intervenants en psychologie du sport proviennent de formation des sciences du sport. Voir Charte des psychologues du sport.

Cette situation complexe constitue l’une des principales entraves au développement de cette profession. « Un collectif de psychologues s’était réuni à Dijon sous l’égide de la Société française de psychologie du sport (Gillot et Lévèque, 1989). Cette commission a rappelé qu’une relation clinique duelle constitue la matrice et la position de référence de toute intervention psychologique : établir une relation intersubjective avec l’athlète est la nécessité première pour écouter et analyser sa demande » (extrait de l’ouvrage Sport et psychologie. L’apport du psychologue aux acteurs, Marc Lévèque, les cahiers de l’INSEP, N°4-1993).

Nathalie Crépin, Florence Delerue

Références :
Histoire de la psychologie du sport : Professeur C.Sarrazin de l’Université de Montréal.
Sport et psychologie. L’apport du psychologue aux acteurs, Marc Lévèque, les cahiers de l’INSEP, N°4-1993).
Psychologie du sport et de l’activité physique. R.S.Weinberg / D. Gould, Vigot, 1997.