Les techniques de préparation mentale

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Les techniques de relaxation sont les techniques les plus utilisées : ce sont des méthodes de gestion du stress et de récupération.

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Il s’agit du Training Autogène de Schultz et de la Relaxation Progressive de Jacobson. Toutes les deux s’appuient sur une régulation du tonus musculaire pour équilibrer mentalement le sujet. Elles peuvent être utilisées seules ou bien serviront de support à d’autres méthodes.

Les avantages de ces deux techniques :
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrow-1-e »] [/sws_ui_icon] Elles suppriment les manifestations physiques du stress et de l’angoisse.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrow-1-e »] [/sws_ui_icon] Elles améliorent la récupération physique (comme les blessures) et la récupération mental.
Nous soulignons le fait qu’il existe d’autres techniques de relaxation comme le Hatha , le yoga, l’Eutonie, mais elles semblent peut pertinentes dans le domaine sportif.

La sophrologie
Une autre technique de relaxation mais qui possède ses détracteurs.
Inventée à la fin des années 50 par A. Caycedo, il s’agit de la science de l’esprit harmonieux. Elle se veut la synthèse à la fois des recherches les plus modernes et des traditions les plus anciennes afin d’offrir une méthode adaptée à notre culture et à notre société. Elle a crée son propre fondement théorique et ses propres outils.
Cette technique doit être utilisée avec prudence et discernement car elle peut relever de praticien ayant peu de compétence dans le domaine sportif.

Les techniques de méditation
Le Yoga et le Zen, nous viennent d’Orient. Elles ont pour objectifs de permettre à l’individu de trouver le silence intérieur, une maitrise de soi et une amélioration de la concentration.
Elles sont peu utilisées dans le domaine sportif.

Les techniques cognitivo – comportementales
D’origine anglo-saxone, elles sont apparues dans les années 50. Elles ont pour objectif de modifier un comportement inadapté et non de rechercher les causes ou l’origine. Elles
vont privilégier l’ « ici et maintenant » et modifier les idées, les pensées et les sentiments négatifs qui perturbent le sportif.

a) Le biofeedback ou rétro – action biologique :
C’est une technique qui est apparu dans les années 1960. Il s’agit d’objectiver au moyen d’appareillages des fonctions physiologiques dont l’individu n’a pas toujours conscience et d’accroître ainsi son contrôle. « Le biofeedback constitue une technique qui tromperont dans un miroir intérieur particulièrement objectif, puisqu’il s’agit d’un appareil se reflétera des informations particulièrement significatives, en temps réel d’activité musculaire, cérébrale, intestinale, cutanées, respiratoires etc, revêtant diverses formes d’énergie thermique mécanique. Ainsi l’instrument confère au sujet une plus grande capacité intéroceptive et proprioceptive en lui restituant des signaux biologiques habituellement inaccessible par la seule détection somesthésiques ou sensoriels. Enrichi de nouvelles informations venant renforcer les informations nerveuses naturelles, le sportif prend conscience de façon plus précise du fonctionnement de ses muscles, de son cerveau, de son coeur, de ses vaisseaux, etc.. » (Bourgeois, 1986).
C’est une technique qui connait un essor important aux Etat-Unis, notamment dans la gestion du stress et la concentration.

b) Le Stress Inoculation Training :
Mis au point par D. Meinchenbaum à la fin des années 70. Ce dernier s’appuie sur le principe de la vaccination :  » inoculer une substance atténuée à un individu pour lui conférer l’immunité « . Pour changer la perception de la situation stressante, on apprend au sujet comment gérer stress. L’athlète est exposé au stress et apprend à faire face à des stimuli de force croissante. Un travail de relaxation complète cette technique.

c) L’arrêt de la pensée :
Il s’agit pour le sportif d’élaborer un  » stop verbal  » pour mettre fin aux pensées négatives perturbatrices et donc de les chasser. Elle permet au sportif de contrôler ses pensées.

d) La désensibilisation systématique :
Elle combine la relaxation et l’imagerie mentale. Le sportif va dresser la liste des situations anxiogènes et noter leurs intensités. Puis par la relaxation il va reprendre à son rythme la liste de ces situations et revivre ces situations mais de façon plaisante..

e) Le renforcement positif imagé :
Mis au point par Cautela, elle consiste pour le sportif après une séance de relaxation, à visualiser l’objectif qu’il veut atteindre et ainsi l’ancrer mentalement Elle s’appuie sur les méthodes de conditionnement.

f) La pensée rationnelle émotive :
Mise au point par A. Ellis, il s’agit pour le psychologue de permettre au sportif de transformer ses croyances négatives en idées positives, remplacer le  » j’essaye  » par  » je fais « .

La Programmation Neuro – Linguistique
Cette technique américaine inventée par R. Bandler et J. Grinder dans les années 70 se fonde sur l’analogie entre le fonctionnement du cerveau et celui des ordinateurs. Elle s’intéresse principalement au « comment ». Avec la notion de système, l’aspect relationnel du sportif est prépondérant. Son objectif principal est d’obtenir des changements de comportement et d’améliorer les possibilités du sujet en lui faisant adopter des attitudes et des pensées positives. Pour cela, il est important d’identifier le canal privilégié (visuel, auditif, olfactif et kinesthésique) pour établir une bonne communication. Cette technique trouve un écho favorable chez les entraîneurs qui y voit un outil de communication efficace.

Les techniques d’imagerie mentale
L’imagerie et la répétition mentale se caractérisent par la répétition symbolique d’une action ou d’un mouvement. « La répétition mentale est généralement définie comme la répétition intériorisée d’un patron moteur, sur la production concomitante de l’activité musculaire normalement requis pour l’exécution de ces patrons moteur. La répétition mentale est à l’oeuvre, par exemple, lorsqu’un individu visualise les étapes d’un mouvement complexe d’une action à exécuter. » (Denis, 1987).
Nous avons des images visuelles, auditives, olfactives et kinesthésiques. La visualisation mentale permet de changer de temps et d’espace (retour sur le passé ou projection dans l’avenir). L’imagerie mentale peut se réaliser :
– dans une perspective interne (emploi du « je ») : l’athlète est impliqué dans l’action. Il s’imagine dans son corps en train d’exécuter le geste, il ressent toutes les sensations que cela peut lui procurer (visuelles et kinesthésiques). On parle alors d’imagerie mentale associée.
– dans une perspective externe (emploi du « il ») : le sportif est spectateur de son action, il la
visualise. On parle alors d’imagerie mentale dissociée.

Cette technique peut être associée à d’autres comme la relaxation. Elle est actuellement fort prisée et semble montrer toute sa pertinence dans l’optimisation de la performance.

Références :
 » Guide pratique de la préparation psychologique du sportif « . Edgar Thill / Philippe Fleurance, Vigot,1998.
 » Psychologie du sport et de l’activité physique ». R.S.Weinberg / D. Gould, Vigot, 1997.
 » La préparation psychologique du sportif ». Raymond Thomas, Vigot, 1994.

Des champions ont fait part de leur expérience en matière de préparation mentale

Interventions > La préparation mentale

Publié le 29/09/2012 – Mis à jour le 29/09/2012 à 03:20
La Voix du Nord

| À L’ARENA STADE COUVERT |

Mathieu Goubel

Jeudi dans l’amphi du stade couvert, la lutteuse Lise Legrand, le footballeur Franck Béria et le céiste Mathieu Goubel sont intervenus auprès de jeunes sportifs de haut niveau, invités à une représentation du spectacle Les Athlètes dans leur tête, à l’initiative du Crops* et de la Direction régionale de la Jeunesse et des sports.

– Comment avez-vous, dans votre parcours, géré le mental ?

« J’ai fait ma préparation mentale tout seul, au cours de mes études de prof de sport, j’ai appris les bases. Quelque fois, je rencontre Nathalie Crépin, psychologue du Creps de Wattignies. » – Utilisez-vous des techniques particulières, de la relaxation ?

« Pas de relaxation, mais des techniques de visualisation mentale. J’essaie de voir ce que je vais mettre en place pendant les courses, pour mieux me concentrer. J’ai 32 ans, ça fait quinze ans que je suis en équipe de France, cela m’a permis d’améliorer ma technique pour être performant à ce niveau-là.

Quand j’ai des doutes, j’ai des personnes autour de moi. Mon outil principal, c’est d’écrire mes objectifs et les moyens d’y arriver au début d’une olympiade, je me raccroche à ça. Comme je m’entraîne tout seul, ça pose des balises dans ma routine. Ça permet de se remobiliser. » – Est-ce plus simple selon vous de gérer son mental quand on pratique un sport individuel plutôt qu’un sport d’équipe ?

« Quand on est tout seul, c’est plus facile de se reconcentrer. En équipe, c’est une dynamique de groupe. J’ai du mal à comprendre, quand je vois chuter une équipe qui avait de bons résultats… Je fais moi aussi partie d’une équipe et le soutien des collègues est important. Faire en sorte qu’il y ait une bonne ambiance. » – Comment ça s’est passé aux JO ?

« J’étais dans ma bulle. Mais pas seul, mon équipier au club, Mathieu Beaumont, était là, et Marie Delattre, je n’étais pas paumé. On a eu des temps de discussion, de détente. Il faut passer au-delà de la pression pour vivre une compétition comme une autre, avec un enjeu derrière, mais ne pas être débordé par l’enjeu. » • PROPOS RECUEILLIS PAR G. CS.

PHOTO DELPHINE PINEAU

*Centre ressource en optimisation de la performance et en psychologie du sportif.

Retrouvez l’article: http://www.lavoixdunord.fr/region/des-champions-ont-fait-part-de-leur-experience-en-matiere-jna35b0n721383

Encore une erreur d’arbitrage ! Ou comment maintenir une estime de soi positive…

Informer > Articles > confiance en soi
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Confiance (2)

« Il ne faut jamais être négatif envers soi-même. Bien sûr, il est possible que l’adversaire soit coriace, qu’il vous ait battu la dernière fois et que, dernièrement, vous ne jouiez pas très bien. Dès que vous ruminez ces pensées, vous êtes mort. J’approche chacun de mes matchs avec la conviction que je vais gagner. C’est tout. »


Jimmy Connors, joueur de tennis.

Les propos de Jimmy Connors illustrent la nécessité d’un haut niveau de confiance en soi pour réussir. Elle est même une des caractéristiques qui différencient les athlètes de haut niveau des athlètes qui réussissent moins bien.

Un niveau de confiance en soi élevé permet d’accomplir de véritables exploits. A l’inverse, les prophéties négatives constituent des barrières psychologiques particulièrement puissantes.

En voici une illustration :
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Avant 1954, la plupart des gens affirmaient qu’il était impossible de courir un mille en moins de 4 minutes. Plusieurs coureurs franchissaient la distance en 4 :03, 4 :02, et 4 :01. Mais la plupart croyaient qu’il était physiologiquement impossible de descendre en deçà de 4 minutes. Cependant, Roger Bannister n’était pas de ceux-là. Bannister était convaincu de pouvoir briser la barrière des 4 minutes, si les circonstances s’y prêtaient, et il réussit. L’exploit de Bannister fut spectaculaire, mais il est encore plus intéressant de noter que durant l’année qui suivit, plus d’une douzaine de coureurs franchirent la barrière des 4 minutes. Pourquoi ? Tous devinrent-ils subitement plus rapides ou s’entraînèrent-ils davantage ? Bien sûr que non. Les coureurs réalisèrent seulement que c’était possible. Jusqu’à ce que Bannister brise la barrière, les coureurs s’étaient imposé leurs propres limites psychologiques en croyant qu’il était impossible de courir un mille en moins de 4 minutes.
Extrait de l’ouvrage de R.S Weinberg et D.Gould, Psychologie du sport et de l’activité physique, ed Vigot, 1997.
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Le concept d’auto-efficacité de Bandura
La notion de confiance en soi est une notion ambiguë qui regroupe différents concepts comme le concept d’auto-efficacité de Bandura, le concept de la confiance sportive développé par Vealey en 1986, d’estime de soi employé en psychologie.
La confiance en soi peut se définir comme la conviction de pouvoir réussir un comportement désiré.

La notion d’auto-efficacité se différencie de la confiance en soi en ce sens qu’elle n’exprime pas un trait de personnalité. Elle est directement attachée à la réussite mais dans une situation précise. Dans le domaine sportif, cette auto-efficacité dépend de quatre variables : la performance récente (plus la performance récente est positive plus le sentiment d’auto-efficacité est fort), l’expérience vicariante (c’est-à-dire la visualisation d’une habileté par un modèle), la persuasion verbale (toutes les valorisations et renforcements de compétences ou comportements émis par une source) et enfin l’interprétation de l’activation perçue. Cette notion est proche de la notion d’estime de soi qui renvoie à la notion de valeur personnelle.

performance2Dans le modèle de la confiance sportive de Vealey, la confiance en soi est un état qui est transitoire et directement en lien avec une situation compétitive particulière. Mais cet état transitoire dépend également de l’estime de soi du sportif et de l’investissement dans cette compétition.
La perception d’un niveau élevé de confiance en soi est donc requise pour une bonne performance. Cependant, si ce niveau est trop élevé, l’effet inverse se produit. Tous les sportifs ont vécu cette situation : la victoire devait être inéluctable, acquise par avance. Et pourtant, c’est la défaite, l’échec.
La relation entre confiance en soi et performance suit la courbe du « U inversé ».

 

En psychologie du sport, chaque compétition est une menace pour l’estime de soi. Une simple défaite suffit parfois à briser une confiance en soi, qui va se répercuter sur l’estime que le sportif a de soi et peut générer l’envie d’abandon de la carrière. L’univers impitoyable du sport professionnel exige une performance maximale et ceci pour chaque compétition. La compétition, tel un thermomètre, fixe les repères à travers lesquels il se juge en tant qu’individu.
En cas de victoire l’estime de soi se voit grossir, parfois exagérément. En cas de défaite, elle menace de voler en éclat.
La multitude des cas de pathologies mentales et de conduites addictives sont des révélateurs de ce processus.
Mais dans la plupart des cas, le sportif élabore des stratégies pour faire face à cet inévitable traumatisme pour l’estime de soi qu’est la défaite. Ces stratégies sont plus ou moins efficaces pour préserver une image de soi positive mais souvent inefficace en terme de performance sportive. Les terminologies sont diverses : syndrome de la jambe de bois, auto-handicap, pessimisme défensif.

Pour maintenir une estime de soi positive, le sportif va imputer sa défaite aux éléments extérieurs. C’est la faute à l’arbitrage, aux intempéries, au terrain… Mais surtout pas au sportif ! C’est à ce prix qu’il peut préserver une confiance en soi indispensable pour des performances ultérieures. L’arbitrage est à ce titre le meilleur bouclier. Il suffit pour cela d’observer tous les week-ends les raisons invoquées de la défaite. Et ceci quelque soit le niveau du sportif : que ce soit un match de football de niveau promotion honneur ou une demi-finale des jeux olympiques de basket-ball, supporters comme joueurs ou dirigeants incombent la défaite à des erreurs d’arbitrages ! Mais il n’en est pas de même en cas de victoire. Incontestablement, tout le mérite en incombe aux joueurs et peu importe les éléments extérieurs. La victoire est due aux compétences et aptitudes du sportif, la défaite aux éléments extérieurs.
Cependant, cette stratégie n’est possible que ponctuellement, tant elle devient peu crédible lorsqu’elle est répétée.

La stratégie d’auto-handicap est l’une des plus prisées par les sportifs. C’est le footballeur qui oublie son passeport et ne peut prendre l’avion pour se rendre sur le lieu du match, le tennisman qui oublie sa raquette…Par cette stratégie, le sportif handicape ses chances de gagner, mais par là-même dispose de motifs d’échouer. Et en cas de victoire, le mérite n’en n’est que plus grand.

De même, des chercheurs ont montré que dans certaines situations, plus l’enjeu est important moins le travail préparatoire est présent. Si ces résultats paraissent surprenants, ils viennent
corroborer la nécessité de maintenir une estime de soi élevée.
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Lors d’une expérience sur des étudiants en psychologie, on leur avait demandé de se prêter à un petit jeu d’habileté où, à l’aide de manettes, il fallait guider un cercle métallique le long d’un circuit dans toucher le fer torsadé qui passait en son centre. Chacun pouvait se préparer aussi longtemps qu’il le désirait avant de passer une épreuve chronométrée. Deux groupes d’étudiants avaient été constitués pour faire varier les conditions expérimentales.
Au premier groupe, on fournit l’information que les résultats obtenus sont une évaluation de l’intelligence motrice et qu’ils seront donnés publiquement le soir.
Dans le deuxième groupe, on fournit l’information opposée. Les résultats n’ont aucune importance.
L’objectif de cette expérience est de mesurer le temps de préparation des deux groupes.
Les résultats de cette recherche montrent que le temps de préparation est plus faible pour le premier groupe que pour le deuxième, alors que paradoxalement, l’enjeu était plus important pour le premier groupe.
Extrait de Sport et vie N°70, janvier-février 2002.
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Man on the summit.Les objectifs que l’on se fixe sont parfois aussi des stratégies pour maintenir un haut niveau de confiance. Perdre contre une équipe fondamentalement plus forte n’entame pas l’estime de soi ni le sentiment de compétence : « On a rien à perdre ». Et ce sont des situations qui permettent parfois de surprenante victoire, parce que les joueurs sont libérés de cette obligation de victoire.
Le syndrome de la jambe de bois consiste à mettre en avant un élément négatif, une faiblesse mais qui permet de masquer une faiblesse plus importante, et ainsi préserver une estime de soi positive. C’est par exemple toutes les petites blessures évoquées avant une compétition et qui s‘estompent de façon presque magique lors du début de la compétition.

Mais si ces stratégies ne suffisent pas ou ne suffisent plus pour maintenir une estime de soi suffisante, il ne reste plus que l’abandon, encore appelé stratégie d’évitement. Et vient alors immanquablement l’abandon de Marie-José Pérec lors des JO de Sydney en septembre 2000.
Face à une victoire compromise, où tout du moins aléatoire, et après les propos tenus quelques mois auparavant sur son retour en force sur la scène de la compétition, la seule échappatoire pour Marie-José Pérec fut…la fuite!

Nathalie Crépin, Florence Delerue

Le stress : ennemi ou ami de la performance sportive ?

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Stress2Le stress est aujourd’hui considéré comme le mal du siècle. Il est pourtant indispensable à la performance. Alors qu’en est-il ?

Le terme même de stress est utilisé pour la première fois en 1936 par un physiologiste, Hans Selye. Il peut être défini comme une réaction physiologique, psychologique et comportementale de l’individu pour faire face et s’adapter à toute situation. Un événement heureux (réussite professionnelle, sportive…) déclenchera au même titre qu’un événement malheureux (échec…) des réactions de stress. Le stress n’est donc pas uniquement associé à des événements négatifs.

Mais ce n’est pas l’événement stressant qui est signifiant en lui-même : c’est ce qu’il représente pour le sujet ainsi que pour l’idée qu’il a de lui-même (ses ressources, ses capacités, ses expériences antérieures). « Suis-je en capacité de gagner le match » par exemple, qui présuppose de pouvoir évaluer ses aptitudes physiques, techniques, psychologiques, mais aussi les matchs antérieurs, me positionner par rapport aux autres compétiteurs, les éléments climatiques, environnementales.

Le stress, un processus subjectif

Toute une série de paramètres viennent alimenter cette évaluation cognitive de la situation et du sujet lui-même. Face à une même situation de compétition par exemple, en fonction de l’évaluation cognitive, certains sportifs présenteront des réactions inadaptées de stress et seront par exemple à 60% de leurs moyens alors que d’autres au contraire auront des réactions adaptées de stress et utiliseront au maximum leur potentiel. De plus, une même situation pourra être vécue comme un stresseur négatif ou positif par un même sportif selon le moment et son état émotionnel, d’estime de soi actuel.

Le stress est donc un processus subjectif qui dépend de l’événement mais aussi et surtout de l’évaluation par le sportif de la situation et de ses propres ressources dont il dispose pour réussir.

De même, s’il est souvent perçu comme diminuant les capacités, inhibant (« je suis tétanisé »), il a aussi des vertus facilitateurs et permet de se dépasser. La réaction de stress est utile et nécessaire : elle mobilise l’énergie nécessaire pour agir et prépare à l’action. Elle permet de s’adapter à des situations nouvelles.

Mais cette réaction est coûteuse en énergie physique et psychique et lorsque la situation stressante est trop intense (compétition fondamentale) ou prolongée (longues périodes d’entraînement, compétitions multiples…) ou si le sportif rencontre d’autres facteurs stressants (stress professionnel…), les possibilités de contrôle et d’adaptation du sportif sont débordées et entraînent l’apparition de réactions inadaptées (phases d’épuisement, blessures, dépression…).

On peut donc parler de stress positif (le bon stress) qui est un véritable moteur, également appelé zone optimale de performance, et de stress négatif (« mauvais stress ») qui correspond à une diminution des performances engendrée aussi bien par le trop de stimulation que le manque de stimulation. C’est la théorie du « U » inversé.

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« J’ai des tailles de vêtements qui vont du 36 au 40 » Témoignage anonyme d’une lutteuse de haut niveau

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Une sportive de haut niveau nous explique la relation entre trouble du comportement alimentaire et la pratique de son sport à catégorie de poids : la lutte.

Propos recueillis en juin 2008 par Delerue Florence

sports_braPourquoi as-tu choisi la lutte comme sport?
J’ai commencé la lutte vers l’âge de 7 ans; c’est un sport que des personnes pratiquaient dans ma famille. Et j’aime surtout ce contact physique avec l’adversaire.

Dans quelle catégorie de poids combats-tu habituellement par rapport à ton poids de corps ?
Le plus souvent, je combats dans une catégorie de poids inférieure à 6 ou 7 kilos de mon poids de corps.

Combien de temps avant la compétition sais-tu dans quelle catégorie de poids tu vas combattre ?
Tout dépend de la compétition. Pour les championnats de France, c’est programmé d’avance. Ca dépend également des sélections d’équipe. L’entraîneur choisit les lutteuses qui vont combattre dans telle ou telle catégorie selon leur performance et si une catégorie reste vide, c’est-à-dire sans lutteuse, alors l’entraîneur choisit une lutteuse pour faire partie de cette catégorie. En moyenne, on sait dans quelle catégorie on concourre environ un mois avant la compétition.

Quand commences-tu le régime ?
Avant, je faisais des régimes « catastrophes », ce qui veut dire que je devais encore perdre trois kilos, deux ou trois jours avant la pesée. Maintenant, je m’y prends à l’avance pour perdre ces 6 kilos en moyenne. Plus on est jeune, plus on fait des régimes catastrophes; avec le temps, on apprend à faire attention.

Comment fais-tu pour perdre ces 6 ou 7 kilos peu de temps avant la compétition ?
Je réduis toutes mes quantités. La dernière semaine, je mange un ou deux fruits le midi et le soir, une soupe. Cela m’est déjà arrivé de ne pas manger du tout pendant deux jours avant la pesée et de ne pas boire pendant un jour et demi. Et pour être au poids, je devais mettre ma sudisette et courir dans le sauna. On essaye de repousser la perte de poids au plus tard possible; on attend d’être au pied du mur, et là, c’est catastrophique.

C’est une vraie souffrance à la fois physique et psychologique…
C’est une souffrance terrible. On est dans un autre état. On ne sait plus quand on a faim ou pas. En fait, on a mal au ventre tout le temps. C’est très particulier: on mange à peine, on se pèse; on boit, on se pèse. De janvier à juillet, je perdais 6 kg toutes les deux semaines. J’avais mes règles toutes les deux semaines puis je ne les avais pas pendant un ou deux mois. En plus des problèmes hormonaux, les problèmes physiques comme les blessures sont fréquents voire permanents. On ne s’arrête jamais; on combat avec les blessures. En grandissant, on fait plus attention à notre santé, on prend des compléments alimentaires, des isostars, pour avoir moins de carences.

Comment se passe le moment de la pesée ?
Après la visite médicale, on doit se peser en maillot. On enlève tous les sous-vêtements. On connaît le poids de chaque sous-vêtement et surtout, on s’est pesée avant la pesée officielle; tout est calculé. Mais si, avant la pesée officielle, notre poids est supérieur à celui de la catégorie, on enfile la sudisette et on va courir. Et là, on a besoin des autres.
Une lutteuse a même dû se couper les cheveux pour être au poids parce qu’elle n’arrivait pas à perdre les 200 derniers grammes : c’était le régime de trop.

Justement, y a-t-il une solidarité entre les lutteuses lors de ces régimes ?
Enormément. Chacune motive l’autre, comme dans un sport collectif. On se dit : « tu ne craques pas, je ne craque pas ». On essaye presque d’en faire un jeu. Si une fille souffre, une autre fille qui n’a pas de problème de poids l’emmène courir et la motive.

Quel rôle tient l’entraîneur pendant ces régimes ?
Il est derrière nous psychologiquement. Il nous soutient beaucoup. On en a besoin.

Que se passe t-il après la pesée ?
C’est le « craquage », la « liberté ». C’est la première victoire. C’est le problème des régimes : on pense d’abord au poids et ensuite à la compétition. Et après la pesée, c’est la libération.
Souvent, avant la pesée, on va faire les courses dans un supermarché et là, on se fait plaisir. On achète tout et n’importe quoi, et le problème, c’est qu’on sait très bien qu’on ne va jamais manger tout ça. Mais on se fait du bien. Le régime est tellement une grosse frustration; on se jette sur tout !
Même si on a mal, si on n’a plus faim, on mange, tellement on a été frustré. Et pour manger encore et encore, on vomit ce qu’on vient d’avaler. C’est à cause de la privation. En un week-end, on peut prendre 4 kg. Il m’est arrivé, juste après la pesée, de manger un fromage de brie presque en entier, puis des tablettes de chocolat et ça, avant d’aller au restaurant. Je ne savais plus me lever, ni marcher, je rampais…

Et le jour de la compétition ?
A partir de ce moment-là, ce qu’on mange, c’est pour la performance; c’est adapté à la performance. Le jour de la compétition, c’est la compétition, il n’y a plus de frustration. On se sent lourde à cause du sucre, du « trop mangé », les muscles sont parfois tétanisés à cause de la mauvaise alimentation ou de la déshydratation.
Par contre, après les jours de compétition, les excès reviennent et on reprend les kilos qu’on a perdus.

En dehors des périodes de compétition, essaies-tu de tenir une hygiène de vie irréprochable, de faire attention à ton poids ?
Non, c’est du « n’importe quoi ». On ne s’alimente pas comme un sportif de haut niveau devrait le faire. Il m’a fallu un an pour retrouver un poids de corps; je n’en avais pas avant. En une semaine, hors période de régime, je variais de 3 kg. En une soirée, j’ai déjà pris 3 kg. J’ai des tailles de vêtements du 36 au 40. On ne fait jamais vraiment attention à notre poids parce qu’on sait qu’on peut perdre 3 kg en une semaine. On ne pense pas à la performance. Avec l’expérience, oui, on fait attention; on apprend à faire un régime sans grande frustration, en allant voir la diététicienne par exemple.

S’imposer un régime draconien avant la compétition te procure t-il la niaque, une motivation supplémentaire lors du combat ? Te dis-tu « Je n’ai pas fait tout ça pour rien » ?
Oui. Tout à fait. On n’aborde pas la compétition de la même manière si on n’a pas fait de régime. Mais ça se voit plus chez les hommes.
Et même quand je ne dois pas faire de régime pour être dans une catégorie de poids, j’ai le même comportement alimentaire après la pesée que si j’avais fait un régime : c’est comme un comportement appris et répété.

Le handball féminin : un handball avec des spécificités… et non des manques !

Informer > Articles > Sport au féminin
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Au lendemain de la très belle victoire de l’équipe de France masculine de handball au championnat du monde en Croatie, les médias se font le relais d’un sport qui peu à peu prend une envergure à la hauteur des exploits de son équipe nationale.
handball_2_Ce troisième titre mondial offre au handball le plus beau palmarès du sport collectif tricolore. Ce sport séduit de plus en plus un public qui ne cesse de s’élargir. Sport spectaculaire, sport de contact, sport aérien, il requiert des qualités athlétiques indéniables et des vertus morales certaines.

Le handball féminin connaît une popularité moindre comme l’atteste son nombre de licencier ou ses retransmissions télévisées. S’il requiert des qualités similaires, il possède néanmoins un certain nombre de spécificités, comme la plupart des pratiques sportives féminines. Le handball masculin diffère du handball féminin, mais l’inverse est vrai, et le handball féminin ne doit pas être appréhendé en terme de manque mais en terme de différences et de spécificités.

« Quand le milieu du hand, plutôt masculin, dit il y a le hand et le hand baballe..Je crois que les handballeurs ne reconnaissent pas la valeur de leur hand. » Christian Liénard, Président de la ligue Nord-Pas de Calais de handball, extrait de la Voix des sports du 26/11/2007.

Quelques spécificités de la pratique féminine :
La proposition de « jouer au plus près » de l’adversaire en préconisant le « un contre un » tant en défense qu’en attaque va à l’encontre de la spécificité féminine. Il est calqué sur la pratique masculine.

  • Même au plus haut niveau, l’espace est moins réduit que dans le jeu masculin, et il ne nécessite pas forcement le « un contre un ».
  • Le rapport au contact amène l’évitement du duel, du rapport à la force.
  • « La faute » a une connotation différente chez les filles.
  • Le jeu s’oriente davantage vers un collectif.
  • La proposition du jeu au plus près de l’adversaire en attaque doit être modulée au profit du jeu en évitement ou en esquive.
  • Un jeu en attaque basé sur le mouvement et les enchaînements d’actions.
  • Un jeu en défense orienté vers la zone.
  • Un jeu défensif basé sur la récupération rapide de balle.

En conclusion :

  1. La joueuse de handball va privilégier la maîtrise de l’activité, du geste, du mouvement plus que la réussite.
  2. Le handball féminin possède des spécificités au niveau du jeu qui diffèrent du handball masculin.

« Un jeu où la feinte prendrait le pas sur la force »
 (« Handball au féminin, le sens d’une évolution », revue Approche du handball, Hors série janvier 2000)

Claire Apiou a menée une expérimentation de 1988 à 1991 sur 110 joueuses, âgées  entre 15 et 17 ans, considérées comme les meilleures de leur génération. Elle effectue une comparaison entre l’élite nationale et les autres joueuses de handball.

    [sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrowthick-1-e »] [/sws_ui_icon] L’agressivité dans le duel :

La comparaison entre les joueuses de haut niveau et les joueuses de moindre niveau se situe essentiellement dans leur engagement dans le duel. Il leur a été demandé de répondre sur ce qu’évoque pour elles la notion de duelle.

–      Groupe Elite:

  • 50% des représentations du terme de duel se situent dans la sphère de l’agressivité et de la réactivité.
  • 30% dans la sphère du bien-être et « du désir d’être ».

–      Groupe témoin:

  • 25% dans la sphère de l’agressivité et de la réactivité.
  • 15% dans la sphère du bien-être.

Au plus le niveau d’expertise augmente, au plus l’agressivité dans le duel est ressentie comme positive. Et cette différence s’observe également dans les réponses au mot « battre » auquel 45% du groupe élite réagit par un désir de domination pour seulement 17% dans l’autre groupe.

    [sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrow-1-e »] [/sws_ui_icon] « La faute »

–      La faute dans le jeu diffère entre la population masculine et la population féminine.
–      La faute est rejetée ou vécue comme une difficulté:
–      Pour 66% des filles.
–      Contre 42% pour les garçons.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-circle-triangle-e »] [/sws_ui_icon] Pour les filles, la faute à une valeur morale et une connotation négative et dévalorisante.

    [sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrow-1-e »] [/sws_ui_icon] Le « surnombre »

Cette situation de surnombre provoque chez les filles, des réactions diverses qui va du rejet au bien-être ; Le rejet parce qu’elle génère une pression importante puisque c’est une situation qui doit générer de la réussite.

« Notre démarche se fondera sur l’affirmation que le développement du handball féminin français passe par la définition d’un jeu plus dynamique adapté à une femme latino-européenne, où seront privilégiés le mouvement, caractérisé par l’enchaînement d’actions et de changements de statuts rapides, la feint, l’évitement et des défenses organisées pour une récupération active de la balle » ( Handball au féminin, le sens d’une évolution, revue Approche du handball, Hors série janvier 2000)

    [sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrow-1-e »] [/sws_ui_icon] La gestion des émotions :

Les situations de compétitions génèrent chez les filles un état affectif plus important, à la fois plus intense et plus négatif. Chez l’athlète féminine, la fluctuation de la perception de l’anxiété est plus importante. La différence dans la gestion des émotions a des conséquences :

    • L’éloignement familial lors de compétitions ou de stages peut être vécu de façon douloureux. L’évaluation de la capacité d’autonomie et d’adaptation de la joueuse peut fournir des indices intéressants.
    • La relation aux partenaires est un déterminant du bien-être.
    • La relation à l’entraîneur est prépondérante dans l’investissement de la handballeuse.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrow-1-e »] [/sws_ui_icon] L’équipe: une motivation fondamentale dans la pratique du handball féminin

« Je me suis très vite rendu compte qu’il n’y avait pas que le terrain à gérer. Chez les garçons, on vit dans l’instant. Il y a parfois des situations un peu conflictuelles pendant l’entraînement. Mais quand la séance se termine, c’est fini. Or, les filles peuvent se rappeler longtemps ce qui s’est passé auparavant. En cas d’accrochage, mieux vaut régler ça tout de suite avant que ça explose, un mois et demi plus tard! »
Fabrice Courcier, entraîneur de basket féminin de Saint-Amand.

Ces propos de Fabrice Courcier sont similaires aux remarques des entraineurs en charge d’une équipe de handball féminin et montre toute la complexité dans la gestion du collectif.
La relation aux autres, la solidarité, et même les conflits. Ce sont des éléments moteurs dans la pratique du handball féminin.

En conclusion, la pratique du handball féminin diffère de la pratique masculine mais doit être vue en terme de spécificité et non de manque. S’il est évident que les caractéristiques physiques et athlétiques de la femme sont moindres sur certains aspects, la complexité de la psychologie féminine amène certains entraîneurs à parler de sacerdoce…Pour d’autres de véritable bonheur !

Crépin Nathalie et Delerue Florence.

Le sport au féminin : un autre sport ?

Informer > Articles > Sport au féminin
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Le sport féminin connaît une popularité moindre que leur congénère masculin dans la plupart des pratiques sportives. Il est souvent perçu comme moins spectaculaire, moins rapide, moins technique, moins athlétique…
Bref, il est perçu en terme de manque par rapport à la pratique masculine !

Et pourtant, certains s’érigent en faux contre ces représentations qui viennent entacher le sport au féminin.

 « Les femmes offrent surtout un autre style au jeu ou à la technique, en un mot, elles les féminisent » Catherine LOUVEAU, « Sport, Action et Société: la part des femmes »     

«  Le jeu s’empreint de psychologie féminine. C’est un sport en soi qui est seulement plus lent mais aussi plus technique, plus esthétique, plus visuel que celui des hommes » « A propos du sport féminin », La Croix, du 6/2/87
Ces différences sont d’abord liées à des représentations et stéréotypes sur la différence entre les sexes.
Schématiquement, ces stéréotypes sur la différence des sexes sont :

  • les filles sont plus sociales que les garçons.
  • Les filles ont une plus faible estime de soi que les garçons.
  • Les filles ont un niveau d’aptitude verbale plus élevée que les garçons.
  • Les garçons sont plus agressifs que les filles.
  • Les garçons ont plus d’aptitude visuo-spatiale que les filles.
  • Les garçons ont plus d’aptitude aux mathématiques que les filles.
  • Les filles ont moins de motivation que les garçons.

L’étude de Maccoby et Jacklin en 1974 porte sur plus de 2000 articles et montrent une différence entre les sexes dans seulement quatre domaines :

  • L’aptitude aux mathématiques.
  • L’aptitude visuo-spatiale.
  • L’aptitude verbale.
  • Et la disposition à l’agressivité.

Il y a donc plus de recoupements et de similitudes entre les sexes que de différences et ces différences sont essentiellement d’ordre culturel.

Des différences culturelles très précoces :

  • Dès l’acquisition de la marche, les garçons sont incités à explorer leur environnement et à faire des activités physiques, alors que les filles sont essentiellement protégées de l’environnement.

  • Les consignes ou messages fréquemment transmis aux filles:

–      Ne joue pas brutalement et fais attention à ne pas te faire mal.
–      Ne salis pas tes vêtements.
–      Ne t’éloigne pas trop de la maison.

  • La réussite chez la fille est attribuée à son travail et son sérieux.
  • La réussite chez le garçon est attribuée  à ses aptitudes.

Les représentations sociales de l’activité sportive.
Une étude de Eccles (1983) sur 3000 adolescents et effectuée sur 3 ans, porte sur le choix de l’activité sportive en fonction du genre.

Chez les filles :

  • Dès les premières années scolaires, les filles évaluent leur aptitude athlétique générale de façon plus négative que les garçons.
  • Elles se croient moins aptes à réussir en sport qu’à l’école.
  • Elles considèrent le sport comme moins important que les autres activités.

Chez les garçons :

  • Ils jugent que le sport est d’une importance égale voir supérieure aux autres activités scolaires.
  • Ils s’identifient très tôt à des sportifs de haut niveau.
  • Ils expriment une facilité plus importante à réussir dans le sport plutôt que dans d’autres activités.

Ces différences sont le résultat de la façon dont les parents, l’école, les stéréotypes relatifs aux rôles associés au sexe influencent les valeurs et les attentes. Les parents dans ce processus jouent un rôle prépondérant.
Les représentations parentales de l’activité sportive.

  • Les parents estiment le talent sportif de leur fille moins important que celui de leur fils, et ceci dès la maternelle.
  • Les parents orientent davantage leur fils que leur fille vers des activités sportives.
  • Les enseignants et éducateurs sportifs jugent les garçons plus compétents en sport que les filles.

Perception de l’athlète féminine: Ambivalence entre le concept de féminité et la compétition.

  • Le sport de compétition est associé aux images de force, de puissance, de rudesse, d’agressivité, de réussite.
  • La perception de la féminité est à l’opposée de ces images.

Les sports les moins acceptables pour les femmes sont les sports où il y a une tentative « de dominer physiquement un adversaire par le contact physique » (Metheny)

Sports à représentativité masculine :

  • Ce sont donc des sports comme la boxe, le rugby, la lutte, le football..
  • Mais le handball véhicule également cette image en tant que sport de contact.
  • D’autant plus que les athlètes féminines qui participent à des sports collectifs, jouissent d’un statut significativement moindre auprès de leurs pairs (garçons et filles) que les filles qui s’adonnent à des sports individuels.

Représentativité féminine dans le sport de haut niveau (Issue des assises nationales sur « femmes et sport », 1999) 

  • Les épreuves: 40% des épreuves olympiques ou de haut niveau sont féminines.
  • Nombres de sportives de haut niveau et les aides accordées: 30% sont des femmes, 30% de la délégation olympique (tous pays confondus) sont des femmes, 30% des aides pour le sport de haut niveau sont pour les femmes.
  • Encadrement: 14% de l’encadrement technique et 8% des juges et arbitres de haut niveau sont des femmes.

Différences hommes/femmes dans leurs rapports à la compétition
Chez les femmes :

  • La maîtrise de la tâche est la motivation principale. La victoire est une motivation moindre.
  • La notion de contact est différente.
  • Elles estiment leurs compétences de façon réaliste.

« Elles se font mieux à l’idée qu’il puisse exister des joueuses plus fortes. C’est donc plus facile de faire accepter un rôle moins en lumière à l’une ou l’autre, alors que les garçons préfèrent tous être en première page des magazines! »

Fabrice Courcier, entraîneur des basketteuses de Saint-Amand et ancien entraineur de l’équipe masculine de Tourcoing et de Gravelines, extrait de l’article paru dans la voix des sports du 19/11/2007, Sport au féminin: Entraîner une équipe de filles: cauchemar ou sacerdoce?

  • Le niveau d’anxiété est plus élevé chez les femmes que chez les hommes.
  • Elles recherchent davantage un leadership de type démocratique.

« De temps en temps, on serait tenté de penser que la solution passe par la dureté du langage. Ca peut donc arriver, mais je ne suis pas certain que ce soit efficace avec un groupe féminin. Il vaut mieux faire comprendre les choses de manière souple.»
Fabrice Courcier.

  • Le besoin de valorisation et de confiance en soi est un facteur de performance.
  • La relation duelle à l’entraîneur est privilégiée.
  • Le partage émotionnel, l’affectif, le plaisir, sont des paramètres de bien être au sein de l’équipe.

« Il faut que chacune puisse prendre du plaisir dans son rôle. Je veille donc à placer chaque fille sur le même pied d’égalité. Parce qu’une équipe féminine vit très mal le manque d’équité. C’est ce genre de petit détail qui peut vous faire partir sur une bonne saison… ou une mauvaise…»

  • La cohésion de l’équipe est un paramètre essentiel de la performance.

Différences hommes/femmes dans leurs rapports à la compétition et à la motivation

  • Les hommes ont un niveau plus élevé de compétitivité et d’orientation vers la victoire que les femmes, et les femmes sont plus que les hommes, dans la recherche d’atteinte d’objectifs personnels.
  • Les hommes participent plus que les femmes à des sports de compétition.

Propos D’Emmanuel Lorette, entraîneur de l’équipe féminine de Rugby de Villeneuve d’Ascq (propos recueillis dans la Voix des Sports, 19/11/2007)

« Moi, j’aime leur attention, leur réactivité, cette faculté d’assimiler plusieurs choses à la fois et plus vite. Mais comme ce sont des pipelettes, elles oublient parfois un peu vite ce qu’on a travaillé! J’aime aussi leur nécessité de comprendre tout ce qu’on fait. On ne retrouve pas ça chez les garçons. Ca ne laisse pas de place à l’improvisation, c’est un moteur pour moi. »

Entraîner une équipe féminine : des différences notoires à maîtriser sous peine d’implosion !

« Je me suis très vite rendu compte qu’il n’y avait pas que le terrain à gérer. Chez les garçons, on vit dans l’instant. Il y a parfois des situations un peu conflictuelles pendant l’entraînement. Mais quand la séance se termine, c’est fini. Or, les filles peuvent se rappeler longtemps ce qui s’est passé auparavant. En cas d’accrochage, mieux vaut régler ça tout de suite avant que ça explose, un mois et demis plus tard! » Fabrice Courcier, entraîneur de basket féminin de Saint-Amand.

 « On analyse tout, tout le temps, pour voir comment faire le mieux possible. Notre entraîneur doit toujours modifier ses exercices parce que à chaque fois, on discute.» Alexandra Pertus, joueuse de rugby à Villeneuve d’Ascq (D1, Elite).

« Sinon, le grand travers des filles, c’est le ‘oui, mais’. Quand l’entraîneur nous dit quelque chose, il ya toujours une fille pour lui répondre ‘oui, mais’..C’est typiquement féminin et ça nous fait perdre du temps » Olivia Rooyackers, basketteuse dans différents clubs professionnels.

Tennis : les révélations d’Isabelle Demongeot mettent les projecteurs sur les violences sexuelles dans le monde sportif

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La publication, il y a deux ans,  de « Service volé » d’Isabelle Demongeot, dans lequel elle accuse son ex-entraîneur de viols, a suscité de nombreuses réactions dans le monde du sport et incité d’autres victimes à rompre la loi du silence.

« C’est un thème difficile à aborder, pas seulement dans le sport. En plus les victimes qui l’ont fait, comme la lanceuse de marteau Catherine Moyon de Baecque, se sont retrouvées exclues. On comprend le tabou »  déclare Greg Décamps, chercheur et chargé en 2007 par le ministère de la Santé de réaliser une étude sur les violences sexuelles dans le monde du sport.

Etat des lieux sur ces violences sexuelles dans le monde sportif

Une enquête de grande envergure est commandée en 2007 par le Ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports pour pouvoir évaluer l’étendue du phénomène dans le monde sportif, aussi bien amateur que professionnel. Elle fait suite à une première étude exploratoire entreprise en 2006 par Greg Décamps et  Anne Joly.

Etude exploratoire sur la région Champagne d’Anne Joly et Greg Décamps en 2006.

Cette étude réalisée sur 117 étudiants en STAPS met en avant un résultat étonnant : 8% de ces étudiants déclarent avoir subi une agression d’ordre sexuel en milieu sportif.
Mais les résultats varient considérablement selon le sexe, 10% chez les femmes et 4% signalent des agissements ambigus, contre 4% chez les garçons. Ils varient aussi sur la nature de ces agressions.
Les garçons subissent surtout des agressions sexuelles de la part d’autres sportifs, alors que les filles ont toutes été agressées par des hommes, présentant dans la quasi-totalité un ascendant sur elle (Entraîneur, Dirigeant de club, Professeur d’EPS. .). Aucune de ces victimes n’a déposé plainte et la majorité des victimes ont tû les faits à leur entourage.
Ces agressions se retrouvent quelque soit  les disciplines sportives. Ces résultats peuvent néanmoins être nuancés au vu de la difficulté à définir les termes et de toute l’ambiguïté de certains comportements.
Etude entreprise en 2007 par Greg Décamps à la demande du Ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports.
Cette recherche réalisée dans la région Aquitaine sur 356 sportifs de 18 disciplines différentes, âgés de 13 à 23 ans n’est pas achevée. Les résultats provisoires montrent que 31% des sportifs pensent  avoir été confronté à au moins une forme de violence, et dans 57,2% ces violences prennent la forme de harcèlements, 23,4% d’atteinte sexuelle et 19,3% d’agression sexuelle. Des différences sont observées en fonction du sexe de la victime et dans 90% des cas, l’agresseur est un homme. Dans 46% des cas, l’agresseur est un autre sportif, le plus souvent du même âge, et dans 7% des cas, l’agression est commise par l’entraîneur.
Ces violences sexuelles s’inscrivent dans un contexte spécifique, celui du monde sportif.
Le corps y est magnifié, emblème de l’excellence et du dépassement de soi mais il est aussi objet, objet au service de la performance. Et ce corps est parfois maltraité. La souffrance est une voie nécessaire vers la performance.  La victoire est à ce prix, celui du sacrifice, du don de  soi. Il s’inscrit dans le registre d’un véritable corps machine destiné à la performance et à l’exploit.
Les entraînements intensifs, sans cesse répétés, l’obligation de résultat imposée par les entraîneurs, vont conduire l’athlète à se forger un corps idéal, conforme aux exigences de sa pratique, et assujettit à la réussite et à la performance.
CLAIRE CARRIER évoque le « néo-corps du sportif ». « Le néo-corps sportif bien conçu est soumis à une obligation de rendement. Quelles que soient les disciplines sportives, les niveaux de pratique, les catégories d’âge et les sexes concernés, la tendance actuelle voit augmenter les heures et les cadences d’entraînements : toujours plus souvent, plus longtemps, plus intensivement ».
Mais surtout, le sport place le sportif, et qui plus est le jeune sportif, sous le joug d’une figure d’autorité qu’est l’entraineur. « Le rapport de domination et le mécanisme d’emprise qui lient l’entraîneur à ses sportifs est au centre de ces affaires » (PHILIPPE LIOTARD). « Et les violences qui en découlent ne sont qu’une modalité contemporaine de la relation entre la violence sexuelle et les rapports d’autorité. Le corps forcé est déjà un corps au service de l’agresseur ou de ses semblable » ( ALAIN CORBIN).
Si le sport constitue un terrain qui peut être propice aux violences sexuelles, l’idée n’est pas de stigmatiser le monde sportif, ni de générer des angoisses, mais de pouvoir lutter contre ces pratiques inacceptables, trop longtemps mis sous silence.
Pour lutter contre ces violences sexuelles des actions ont été menées sur le territoire national :
–       La charte de bonne conduite dans le milieu sportif signée le 22 février 2008 ;
–       Le dispositif de campagne d’information et de communication ;
–       Des actions de préventions au sein des CREPS, des centres de formation, des fédérations et des entraîneurs.

Références :
Isabelle Demongeot : « Service volé : une championne rompt le silence», Michel Lafon, 2OO7
Anne Joly et Greg Décamps : « Les agressions sexuelles en milieu sportif : une enquête exploratoire », in Sciences et motricité N°57, 2006.
Claire Carrier : « Le musculaire produit du travail de l’adolescent sportif de haut niveau », Adolescence N°14, 1996.
Philippe Liotard : « Sport et virilisme » Montpellier, Ed Quasimodo et Fils, 1999.

Football : un sport sous haute insécurité.

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La violence dans le football : une fatalité ?

Supporters Naples - Securite
Hooligans en Angleterre, en Allemagne, en France, Siders en Belgique, aux Pays-Bas, Ultras en Espagne, en Italie, au Portugal, mais également en France, ces termes couvrent une même réalité qui vient de nouveaux refaire surface dans l’actualité du football.

Les experts s’accordent à désigner par cette appellation de hooligans des comportements d’agressions physiques (violence contre les personnes) et de vandalisme (violence contre les biens) produit pas des spectateurs de manifestations sportives spécifique, le match de football, et se déroulant dans une zone géographique spécifique, le stade de football et ses alentours.

Rappel du fait
La mort d’un jeune « supporter » parisien après le match de coupe de l’UEFA opposant le PSG au Haphoël Tel-Aviv jeudi 23 novembre est l’exemple flagrant de cette hooliganisme qui règne dans certains stades de football. Rappelons brièvement les faits tragiques qui ont suivi ce match de football ; Une centaine d’ultras du PSG, provenant à priori de la tribune de Boulogne, frustrés par la défaite de leur équipe ont proféré des insultes à caractères antisémite. Puis, il semble qu’ils aient poursuivi un supporter du Tel-Aviv en proférant des menaces et des propos racistes. Un policier en civil est intervenu et a mortellement touché un de ces poursuivants. Nous nous garderons de toute analyse, les faits relataient étant pour l’instant partiels.

La tragédie du Heysel est encore dans tous les esprits
Ce fait n’est pas un acte isolé. Le hooliganisme se caractérise par un profond enracinement historique dans la mesure où, depuis que le football est mis en spectacle, c’est-à-dire la fin du siècle dernier, on recense des incidents impliquant les spectateur quel que soit le niveau de compétition (invasion du terrain avec attaque des joueurs ou de l’arbitre, bagarres entre supporters, destructions matérielles autour de l’aire de jeux). La tragédie du Heysel est encore dans tous les esprits.

Nous sommes confrontés à une problématique complexe qui trouve sa source dans des causalités individuelles, groupales et sociétales interagissant avec des phénomènes de foule, qui se sont greffées sur le substrat privilégié de la compétition footballistique.

Rappel historique
Le football représente le sport le plus populaire et le plus médiatisé de l’ère contemporaine. Nous retrouvons sa trace dès le Moyen Âge avec le jeu de la soule, mélange du football et du rugby. Pour décrire cette pratique, reprenons le témoignage de l’Abbé Jamet, en 1844.

« Lorsque j’arrivais à Saint-Hilaire, il y avait, dans cette paroisse, une coutume qui tenait en quelque sorte de la barbarie. Quand une jeune fille de quitter le pays par suite de son mariage, le dimanche qui suivait ses noces, elle devait revenir dans sa paroisse à la grand-messe, apportant avec elle une « soule », c’est-à-dire une boule en cuir, remplit intérieurement de diverses choses, et même de quelques pièces de monnaie ou d’argent. Après la laisse, le mari sortait avec sa jeune femme. Pour les jeunes gens de la paroisse divisée en deux camps les entouraient aussitôt. La femme alors remettait la « soule » à son mari qui, d’un bras vigoureux, la lancée par dessus le faîte de l’église. Tous à l’instant de se précipiter sur la soule, ce culbutant, se frappant même, pour l’arracher des mains de ce qu’il avait saisi les premiers. C’était à qui triomphe aurait, et ferait triompher son parti. Rien ne les arrêter ! Ils renversaient les croix dans le cimetière, démoli si les barrières qui rencontraient, détruisez tous dans les jardins, dans les champs, et se précipiter même, au besoin, dans la rivière. Et ce combat ne finissait que lorsque le plus fort et le plus là Gilles avait pu pénétrer, avec la sou le, sur un terrain hors de la commune. Alors la partie était gagnée et il y avait un banquet auquel tous les joueurs étaient invités ; mais, hélas, plusieurs ne pouvait y prendre part à cause de leurs blessures. Un jour même, un jeune homme fut écrasé, dans la mêlée, sous les pieds de ses camarades, et mourut peu de temps après. »

De la soule au Heysel, un constat historique atteste que l’évolution du sport est parsemée d’incidents et de drames. Cette violence sous la forme du hooliganisme existe depuis le début du siècle. Elle est liée à la mise en spectacle du football et s’avère universelle. Elle a évolué vers une violence préméditée, et relativement organisée, avec l’apparition des noyaux durs de supporter aux environs des années 60 en Grande-Bretagne. Elle fut importée sur le continent, par l’intermédiaire des compétitions européennes et de la médiatisation croissante du phénomène dans les années 70.

Etudes et travaux
Les travaux des psychologues sociaux comme LEYENS et DUNAND en 1988, nous montrent que la vision de spectacles violents entraîne un effet instigateur de comportements violents chez les spectateurs. Le spectacle de la violence n’a aucune conséquence libératoire sur l’agressivité. Cette théorie va à l’encontre d’une idée très répandue d’un sport catharsique de comportements violents. Selon ce modèle, nous aurions un réservoir d’agressivité qu’il convient d’évacuer. La vision de comportements agressifs, de spectacles agressifs permet la libération de ce réservoir d’agressivité. Par exemple regarder un match de boxe permet à notre réservoir d’agressivité, par ce phénomène de catharsis, de se vider et de se libérer de toutes les tensions, de toute cette agressivité qui est présent dans chaque être humain.
Pour Leyens, au contraire, le spectacle de la violence a pour conséquence d’augmenter la violence du spectateur : il l’éveille, la suscite et la renforce. Conjointement, il apparaît que les effets d’un spectacle violent commence à s’installer chez l’individu avant qu’il n’y assiste. Ici interviennent les anticipations cognitives du spectateur. Le fait d’anticiper la vision d’un spectacle violent peut donc suffire à l’émergence de comportements violents.

Les recherches de GOLDSTEIN en 1971 montrent qu’il n’y a aucune augmentation d’hostilité chez les spectateurs après une compétition de gymnastique, alors qu’il n’y en a par contre chez ceux qui ont assisté à match de football américain.

L’étude de SMITH a montré que 74 % des violences des spectateurs survenus dans les stades de football avaient été précédés d’agressions sur le terrain entre les joueurs. Le football est émaillé d’incidents de jeux qui produisent des stimulations de deux ordres : les stimulations neutres (le but de l’équipe favorite, phase de jeux présente, victoire finale…) et des stimulations critiques comme les erreurs d’arbitrage, les buts de l’équipe adverse, la violence des joueurs… Ces deux types de stimulation entraînent une augmentation du niveau d’excitation du spectateur. Les premières déclenchent des réactions plaisantent et euphorique chez le spectateur tandis que la seconde, par la frustration qu’elles induisent, tendent à provoquer des comportements agressifs.

Certains chercheurs comme MARSH considère que ces bagarres de supporter sont assimilées à des formes d’agressions ritualisées et ne sont que très rarement dangereuses et violentes. Il distingue deux types de comportements. D’abord la violence réelle, au sens propre du terme, qui est une violence physique dirigée dans un but agressif envers autrui. Ensuite, « l’aggro » qui consiste en un rituel d’actions agressives de type symbolique, qui comprend le déploiement d’armes, mais non leurs utilisations, d’actes d’intimidations. L’objectif de ces rituels est d’intimider l’adversaire, de les humilier pour effacer la frustration occasionnée lors du match de football. Selon cet auteur, les blessures graves proviennent d’une distorsion du déroulement normal de l’aggro, résultant d’interventions extérieures, par exemple de la police, en raison du fait que ce type d’intervention brise le délicat consensus dont dépend le caractère rituel de l’aggro.
Cette théorie, si elle permet d’expliquer certains faits d’hooliganisme, ne peut être généralisé car certains actes échappent au contrôle de ces groupes.

Virage historique
Il semble que le tournant vers une violence de groupe préméditée est associé à l’apparition des skinheads dans les gradins, jeune violent au crâne rasé, issu d’un mouvement musical opposé au mouvement hippie. Selon Taylor, l’apparition des skinheads des années 70 a permis l’émergence du hooliganisme dans sa forme contemporaine. Il semble que certains des supporters incriminaient lors du drame d’après match opposant le PSG au Tel-Aviv soient issus de ce mouvement skinheads. Ces jeunes issus du mouvement skinheads vont introduire la violence de la rue dans la compétition de football. Parallèlement la compétition footballistiques, se déroule une véritable compétition qui implique les supporters des noyaux durs dans une forme de guerre des gangs ou la violence est relativement organisée et planifier (avec l’apparition de l’usage d’armes). Le noyau dur développe un système particulier de normes et de valeur de référence. Les membres tendent à s’aligner sur celui-ci. Les valeurs préconisées concernent la virilité, l’appui inconditionnel au club et au « KOP », ainsi que la déviance. Les très médiatiques rencontres PSG-OM sont au coeur de cette problématique, avec des systèmes de sécurité renforcés pour éviter les émeutes et les violences qui sont inhérentes à ces rencontres sous hautes insécurités. Ces matchs sont autant d’exutoires pour les ultras de ces deux clubs et les incidents y sont constants permettant ainsi de revendiquer une identité forte entre ces deux villes, entre ces deux cultures, entre ces deux clubs,….

Dans les années 1990 se développe une théorie de la vulnérabilité sociétale. Selon cette théorie l’accumulation sociale et psychologique d’expériences négatives lors des relations avec les institutions sociales engendre une délinquance juvénile persistante. Ces jeunes se considèrent comme des perdants sociaux. Ils compensent leurs pauvres perspectives sociales par l’excitation et l’identification. Psychologiquement, ils investissent tous dans leur équipe et dans leur groupe de supporter. Ils gagnent en prestige en s’identifiant à un club qui gagne mais également à un groupe de supporter qui impressionne, suscite l’intérêt des médias, mobilise forces de l’ordre, est craint par les autres supporters. Ils mettent ainsi en place une stratégie de paraître qui vise à briser l’anonymat et qui s’appuie sur des comportements déviants. Ils symptomatisent cette volonté d’avoir une identité forte et ceci d’autant plus que leur équipe possède une image médiatique forte. En quelque sorte, plutôt que de n’avoir aucune identité sociale, ils revendiquent une identité négative et provocatrice en s’identifiant à un club qui signifie tous pour eux.

Cette théorie complète la théorie élaborée par DOLLARD pour expliquer des phénomènes d’agressions et de discriminations (la théorie de la frustration-agression).

Cette quête identitaire n’a pas échappé aux activités des organisations racistes et d’extrême droite qui ont progressivement infiltré ces groupes. Le problème des agissements de l’extrême droite dans les stades de football est à prendre très au sérieux. En Espagne, les Ultra-Sur du Réal Madrid se disent fascistes nostalgiques du franquisme, les ultra rivaux de l’Atletico Madrid se réclament d’extrême gauche ; ce phénomène est identique dans les différents pays européens. D’après certaines recherches, les activités des organisations racistes d’extrême droite sont devenues routinières dans le football et leur influence sur l’idéologie des groupes d’hooligans les mieux structurès et les plus violents apparaît évidente.

La violence dans les stades et autour des stades semble donc résulter d’une pluricausalité, d’une réalité complexe et multiple, universelle et historiquement ancrée dans la pratique du football. La médiatisation, le football spectacle et le football business n’ont fait qu’accroître et amplifier ce phénomène. Il semble qu’il n’est pas prêt d’être éradiqué.
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