Intégration de la préparation mentale dans l’entrainement de l’athlète. Initier le changement

 

1. Pourquoi parler ici d’entrainement mental plutôt que de préparation mentale ?

Modifier ses habiletés ou aptitudes mentales est complexe. La notion de changement est difficile et souvent accompagnée de périodes de doutes. Pour cela, il est nécessaire de « s’entrainer » mentalement, c’est-à-dire mettre en place des habitudes nouvelles, de nouveaux comportements grâce à la répétition pour que ceux-ci deviennent automatisés et puissent être utilisés en situation de compétitions et/ou en situations difficiles. Il n’existe pas de « bonnes » ou de « mauvaises » habitudes mais seulement des habitudes, pour la plupart déclenchées par des stimuli, informations ou ancrages. Ces déclencheurs ont été enregistrés consciemment ou inconsciemment, ils déclenchent un comportement, une décision volontaire ou non, une réaction ou un geste adapté ou non.

Les habitudes sont ancrées à vie et nous ne pouvons quasiment pas les modifier. Par contre, nous avons la possibilité d’en créer de nouvelles, qui à force de répétitions prennent la place des précédentes. Il est donc nécessaire pour le joueur de s’entrainer mentalement. Une fois les nouvelles habitudes acquises, il est important d’être conscient qu’un jour « différent des autres », en état de fatigue prononcée ou d’énervement accru, les anciennes habitudes peuvent ressurgir, ce qui implique que l’entrainement mental soit permanent.

Nous ne pouvons pas dissocier l’athlète de l’individu. En effet, l’athlète fait partie de l’entité, « individu ». Par conséquent, il existe un aller/retour permanent au sein de cette « pluralité personnelle », le travail mental devant s’étendre à toutes les facettes de la personne. Ainsi, le travail mental doit dépasser le simple cadre du jeu. S’entrainer mentalement ne veut donc pas dire s’entrainer uniquement sur le court, mais aussi tous les jours en dehors du terrain de tennis. C’est pourquoi il est complexe pour l’entraineur de tennis d’être aussi « préparateur mental ». La mission de celui-ci est d’entrainer et d’amener le joueur à un niveau de performance optimal sur le terrain. Entrainer implique une posture et un relationnel spécifique, une relation entraineur/entrainé dédiée à l’activité. La posture du préparateur mental est différente et ponctuelle, au service du joueur et de l’entraineur, avec un œil extérieur, dans l’ombre. Son but est de rendre le joueur autonome. La relation est donc différente. Ceci étant, l’entraîneur a la possibilité d’intégrer dans ses pratiques, des outils d’entrainement mental afin de potentialiser la performance du joueur et sa propre pédagogie. L’objectif de ce chapitre est de présenter un ensemble de connaissances à destination de l’entraîneur de tennis pour l’aider dans ce rôle en lui proposant des pistes de travail concrètes et sérieuses. Ainsi, les entraineurs peuvent intégrer un travail d’optimisation de performance dans leur pédagogie et bénéficier d’une vision beaucoup plus large que celle uniquement accordée à la technique, au physique et aux résultats du joueur. Le cas échéant, il peut aussi se faire accompagner par un préparateur mental, comme cela se fait beaucoup à l’étranger depuis un certain temps.

2. Place de l’aspect mental dans l’entraînement du joueur de tennis

L’aspect mental est encore minoritaire aujourd’hui en France, même si sa place tend à prendre de plus en plus d’importance. La technique reste encore trop souvent le premier axe d’apprentissage en France alors que c’est moins le cas dans beaucoup d’autres pays où le jeu et l’efficacité priment. Il me semble qu’actuellement nous prenons du retard par rapport à beaucoup d’athlètes et d’entraineurs étrangers qui ont compris et intégré ce travail depuis une bonne dizaine d’années. Sans conteste, la technique est un outil fondamental et elle doit être travaillée et retravaillée sans relâche afin de l’automatiser. Toutefois, elle reste un moyen, un outil au service du jeu et de l’intention. Or, on constate que les habitudes culturelles liées à la place de l’apprentissage technique chez les entraineurs de tennis restent profondément ancrées dans la pédagogie et dans la profession. Pourtant, il est capital de prioriser l’intention vers l’efficacité dans la mise en place des schémas neuropsychologiques au niveau cérébral. Il ne s’agit évidemment pas de minimiser la place de la technique dans l’entraînement mais procéder différemment peut amener de nouveaux comportements plus performants. En musique, par exemple, la technique et la vélocité sont fondamentales, mais ce sont bien la qualité du son et la transmission des émotions qui priment. Etre « prisonnier » de sa technique, si maitrisée soit-elle, peut empêcher l’efficacité et la transmission des émotions. Le rôle de l’apprentissage de la technique est de pouvoir l’utiliser en fonction de n’importe quelle situation et de pouvoir s’en détacher.

3. Pourquoi intégrer l’entrainement mental dans les entrainements et dans la pédagogie de l’entraineur ?

Le temps de jeu effectif représente 10 à 30 % du temps d’un match de tennis. Par conséquent, le temps au cours duquel le joueur n’est pas effectivement en train de jouer et où il fait face à ses propres émotions et réflexions est colossal (entre 70 et 90 % de la durée d’un match). Paradoxalement, à l’entraînement ce rapport est très souvent inversé ! Ce constat débouche sur une première piste de réflexion de taille : l’entrainement correspond-il aux exigences rencontrées en match ? Combien de temps les joueurs et les entraîneurs consacrent-ils à travailler et à aborder les phases de « non jeu » : préparation juste avant le match ou récupération juste après, changements de côté, phases entre les points, juste avant de servir, juste avant de retourner ?

Un autre paramètre doit être considéré : pour pouvoir utiliser une habileté ou une aptitude, il faut l’avoir travaillée en amont un certain temps, en dehors et sur le terrain. Il ne suffit pas de faire trois respirations abdominales avant de servir ou d’utiliser un peu l’imagerie mentale au changement de côté en visualisant un coup pour que cela soit efficace. Le travail de répétition et de mise en place reste fondamental, ce qui nécessite qu’il soit intégré dans la programmation au même titre que les autres facteurs de performance du joueur. En incluant cette démarche dans sa pédagogie, l’entraîneur va pouvoir transmettre un grand nombre d’éléments de différentes façons : par son discours, par les situations mises en place, par les rétroactions et surtout par l’utilisation du « non-verbal » adapté au joueur. L’exploitation des différents canaux sensoriels permet d’optimiser la communication avec le joueur.

Si l’entraineur est « habité » et convaincu de l’utilité de ce travail, ses interventions seront plus percutantes et adaptées. Par conséquent, il est nécessaire de se poser plusieurs questions afin de définir votre démarche et votre profil d’entraîneur (Miley et Crespo, 1999).

– Qui souhaitez-vous être comme entraineur ?

– Comment souhaitez-vous réagir dans telle ou telle situation ?

– Quel travail désirez-vous proposer selon ce que vous cherchez à obtenir et en fonction des caractéristiques de votre joueur ?

Cela implique de modifier ses pratiques en tant qu’entraîneur et accepter de se remettre en question. Modifier ses habitudes, sa pédagogie est affaire de changement et comme chacun le sait le changement est difficile et ne se résume pas à une affaire de volonté. Combien d’entraineurs se sont déjà filmés en séance ou ont fait intervenir quelqu’un extérieur pour s’auto-confronter et modifier leurs propres pratiques ? Accepter le changement, modifier ses pratiques, déterminer comment on apprend (donc réussit et échoue) et intègre les choses, tout cela n’est pas facile pour le joueur comme pour l’entraineur. Le changement entraine une rupture, une perte de repère, une désorganisation momentanée et des doutes qui provoquent une profonde révolution dans ses pratiques. Pour modifier son approche de l’entrainement, il s’agit d’en finir avec une conception où « l’entraineur dans sa tour d’ivoire » diffuse de manière hétéronome un savoir dont il pense être le seul à connaître le chemin de la réussite. Il est fondamental de reconsidérer le public des jeunes joueurs de tennis avec leurs caractéristiques propres, leurs évolutions, leurs motifs d’agir, leurs codes sociaux et relationnels (Gaillard, 2014), afin de mieux appréhender l’entrainement et sa programmation. Aujourd’hui, il est compliqué d’appliquer une pédagogie d’entrainement traditionnelle car les repères des jeunes ont évolué sous l’influence des nouvelles technologies. Le rôle et la place des parents et des éducateurs ont été bouleversés dans notre société actuelle (Gaillard, 2014).

Comme l’affirme Jean Paul Gaillard (2014), « le pire est porté :

– par nos nostalgies et notre repli sur nos modèles éducatifs et pédagogiques que l’on défend comme des vérités universelles et atemporelles, alors-même que nous les sentons devenir obsolètes et de moins en moins efficaces,

– par notre répulsion de l’inintelligible et par notre focalisation craintive sur ce qui disparait, associée à une cécité sur ce qui émerge et remplace ce qui disparait.

Le meilleur est porté par un regard de curiosité et d’inventivité sur ce qui émerge et qui remplace ce qui disparait. Ce type de regard nous impose un retour à l’apprentissage par essai-erreur, sachant que l’erreur nous est par définition douloureuse à supporter. Cette posture réclame donc de la part de l’entraineur et du joueur du courage et le développement d’un sentiment de responsabilité personnelle ».

D’un point de vue de la pédagogie d’enseignement, il semble intéressant de passer de l’hétéronomie à l’autonomie. Selon Gaillard (2012), l’hétéronomie désigne une production de savoirs qui est l’apanage de spécialistes. Elle se base sur une « pédagogie d’enseignement directive fondée sur la soumission de l’élève, mais aussi du maître, à un savoir extérieur : « je t’explique ce que tu dois faire comme je l’ai appris… ». A l’inverse, l’autonomie correspond à la construction de savoirs à partir de sa propre expérience. « Elle implique une pédagogie d’initiative et d’expérimentation fondée sur la co-production d’un savoir personnel, sans cesse négocié avec les savoirs existants : « montre-moi et fais-moi comprendre comment tu le fais… » (Gaillard, 2012).

Stéphane Limouzin

Confidences d’un préparateur mental

La préparation mentale au sein de la Fédération Française de Savate Boxe Française et DA

Article* rédigé par Victor SEBASTIAO conseiller à la préparation mentale des équipes de France de SAVATE boxe française depuis 2011 et membre du C.R.O.P.S.

A vous, curieux qui lisez ces lignes, je vous livre le bilan de 7 années de mon activité professionnelle concernant le développement du facteur mental de la performance. Pour ce faire, je choisi d’apporter des éléments de réponses à des questions que je me pause ou qu’on m’a posés dans la mesure où elles sont à la fois les fruits, les conséquences et les fondements de l’ensemble des actions que je mène :

Doit-on parler de préparation psychologique ou de préparation mentale dans le domaine sportif ?

Pour moi, dans la mesure où l’on considère que la préparation mentale ou psychologique de la performance sportive relève d’une approche pédagogique, alors oui, il s’agit de la même chose. Toutefois, je préfère utiliser l’appellation « préparation mentale » pour les pédagogues du sport comme moi et réserver l’appellation « préparation psychologique » aux psychologues et aux médecins. Dès lors que l’intervention du praticien a pour objet le traitement de pathologies induites par une activité extra-sportive ou même sportive, on entre dans le champ thérapeutique et cela ne concerne plus la préparation mentale ou psychologique mais relève davantage d’un suivi psychologique.

La préparation mentale est une affaire de spécialistes ou bien ce rôle doit être rempli par l’entraineur ?

La préparation mentale ne peut être dissociée des autres facteurs de la performance (physique et technico-tactique). La préparation du sportif est un tout ! L’entraineur en est un des responsables avec le sportif dans la mesure où son rôle est de favoriser l’émergence de la performance. Pour autant, l’entraineur n’est pas un préparateur mental. En effet, bien souvent, il n’a ni la démarche adéquate, ni la formation spécifique. De plus, il est par nature très impliqué affectivement dans le projet sportif ce qui ne lui permet pas toujours d’avoir le recul nécessaire pour identifier et traiter objectivement une problématique mentale. Par ailleurs, la relation entre l’entraineur et le boxeur est parfois au centre de la problématique du sportif. Parfois, cet état de fait conduit l’entraineur en tant que « manager » à faire appel aux services d’un préparateur mental.

La préparation mentale c’est plutôt un travail de longue haleine ou la recherche d’un déclic ?

Si un déclic est une prise de conscience, alors la préparation mentale est un travail de longue haleine ponctué par une succession de déclics ! Dans l’idéal, la préparation mentale se fait en amont, dans l’anticipation. Elle doit être envisagée à l’égale de la préparation physique et technico-tactique, passant par une période de formation et beaucoup d’entraînement. Ma mission de conseiller à la préparation mentale des équipes de France de SBF me conduit bien souvent à agir dans l’urgence. Dans ce cas, avec le sportif, nous faisons du mieux que nous pouvons. Et oui, ni magie, ni magicien et encore moins de baguette magique pour la préparation mentale !

 Certains sportifs préparant une échéance importante semblent manquer de motivation.  Comment comprendre cela ?

La motivation ou plutôt l’envie c’est l’étincelle de la réussite, c’est la clé de voûte du système d’entrainement ! Une échéance importante. Oui, mais pour qui ? A l’origine du manque de motivation qui engendre une moindre implication dans le projet sportif, je retrouve presque à chaque fois le même scénario : la phase de détermination de l’objectif sportif, qui est l’outil de base du renforcement de l’envie, est occultée ou trop peu développée par le sportif et l’entraineur. Qu’est-ce que tu veux ? Ton objectif ne dépend-il que de toi ? En quoi cet objectif est-il important pour toi ? Quels freins pourrait-il y avoir ? etc. De plus, cultiver le plaisir de la pratique engendre la satisfaction et renforce l’envie.

 Quelles sont les compétences et formations nécessaires et obligatoires pour être préparateur mental ?

Il y a des connaissances et des compétences nécessaires, parmi lesquelles on retrouve :

–       Les données et les concepts fondamentaux de la psychologie du sport.
–       La maitrise d’outils d’évaluation et de diagnostique (tests, entretiens).
–       La maitrise de techniques d’optimisation de la performance (respiration, relaxation, imagerie mentale, gestion des pensées, etc.)
–       L’accompagnement du bien-être du sportif, etc.

Concernant les formations et qualifications (diplômes) obligatoires, pour être préparateur mental, la règlementation française n’en prévoit pas. Aussi, Je recommande le Diplôme Universitaire « Préparation mentale et psychologie du sportif » de Lille 2 (www.preparationmentale.fr). Pour ma part, je suis devenu préparateur mental il y a environ 25 ans lorsque je me suis formé en sophrologie (master en sophrologie de la Fondation Alfonso Caycédo) et spécialisé en sophro-pédagogie sportive.

 Certains athlètes ne veulent pas disputer de rencontre sans la présence de leur entraineur. Doit-on le comprendre ou est-ce anormal ?

Il n’est pas du ressort du préparateur mental et toujours « dangereux » pour lui de s’insinuer dans la relation entre l’entrainé et l’entraineur. Il en va de même pour les relations intimes qui unissent l’athlète à sa famille. Néanmoins, la détermination du problème et de la demande du sportif concerne parfois directement ses relations avec son entraineur. Le principe que je respecte est le suivant : la détermination et la mise en œuvre des objectifs conduisant à la fois à la réussite de son projet sportif et de son bien-être incombent au sportif. Le préparateur mental éclaire et accompagne le choix du sportif objectivement et dans la mesure du possible il évite tout jugement de valeur. Les seuls cas où je ne respecte pas ce principe c’est lorsque le comportement, ou l’emprise de l’entraineur, est tel qu’il occasionne une réelle souffrance pour l’entrainé pouvant s’apparenter à du harcèlement. J’ai été par 2 fois amené à en informer le médecin de l’équipe de France.

Je considère l’entraineur comme « le maître d’œuvre » de la performance au service du sportif. Le boxeur, lui, demeure l’architecte de sa propre performance et non pas un simple acteur, voir une marionnette. C’est lui qui choisit !

La Préparation mental est réservée aux athlètes de haut niveau ?

La préparation mentale concerne tous les niveaux et toutes les catégories d’âge, du simple pratiquant loisir, au finaliste des championnats du monde. Aussi, chaque club de SBF n’étant pas doté d’un préparateur mental, l’apprentissage ou l’entrainement des habilités mentales de base (respiration, relaxation, imagerie mentale, gestion des pensées, gestion des émotions, etc.) sans chercher à répondre directement à une problématique compétitive spécifique incombe à l’entraineur. On parle alors d’accompagnement mental à l’entrainement. On n’a pas attendu d’avoir des préparateurs physiques dans les clubs pour faire faire de la corde à sauter ou des pompes aux pratiquants ! Ces séances peuvent aisément être animées par un entraineur sensibilisé à l’accompagnement mental ayant suivi un complément de formation.

 Doit-on suivre le sportif en compétition ?

L’autonomie du boxeur est non seulement recherchée, mais aussi presque toujours imposée par les impératifs matériels (temps, finances). Il m’est arrivé d’intervenir pendant des tournois, notamment pour aider le sportif à gérer l’échec et à se remobiliser pour l’épreuve suivante mais la technique utilisée était déjà maitrisée par le sportif.

L’outil vidéo couplé avec les informations transmises par l’entrainé et l’entraineur permettent parfois des prises de conscience lors des séances de préparation mentale.

 Doit-on être un expert de la SBF ?

Maîtriser la discipline me permet d’être plus efficient en termes de communication mais me perturbe parfois dans le nécessaire recul permettant l’écoute des besoins du sportif.

La plupart du temps, en dehors de mes missions professionnelles auprès de la fédération, lorsque je m’occupe d’un sportif, je n’ai peu ou pas de connaissances techniques concernant sa discipline.

 Un peu d’humilité et de rêve pour conclure !

Avant mon activité vers une plus grande prise en compte du facteur mental de la performance, près de 90% des titulaires des équipes de France de SBF étaient médaillés aux championnats internationaux et près de 80% d’entre eux obtenaient la médaille d’or. Des lors, il m’était difficile de viser une amélioration de ces résultats parfois perçus comme contreproductif au regard de l’indispensable développement internationale de la discipline. Ce manque de « pression » liés aux résultats ne contribue pas à priori au développement de la PM au sein de la FFSBF DA. C’est pourquoi mon activité a été dès le début de mes travaux orientée plus vers l’accès au haut niveau que vers les résultats sportifs internationaux. Le retour d’activité des athlètes de haut niveau fait à leur entraineur de club et la formation des cadres sportifs mise en œuvre accentuent l’impact de mon activité sur les 770 clubs. Cela engage l’avenir de la fédération aussi bien dans son identité que dans son développement.

A tous les curieux qui m’ont lu jusqu’au bout, je dis merci et à bientôt pour d’autres aventures !

 Victor Sebastiao

*Texte en partie inspiré d’un précédant article disponible sur e-sporting-coach.

 

Coupe du monde de football 1998… 20 ans après ?

 

De multiples facteurs interfèrent et entrent en jeu dans la performance d’une équipe. Cependant, deux éléments paraissent prépondérant comme clefs de voute du succès et des  victoires : la cohésion et la communication.

« La performance individuelle, ce n’est pas le plus important. On gagne et on perd en équipe » Zinedine Zidane.

Si la cohésion et la solidarité sont des facteurs essentiels, la communication joue un rôle fondamental. La communication entre les joueurs bien sûr, mais surtout la communication de l’entraîneur envers ses joueurs.

Quand on parle de communication, on pense aux mots verbalisés bien sûrs mais pas seulement. Pour certains spécialistes, 93% de la communication est non verbale. On y inclus alors les attitudes, les postures, les mimiques, le ton de la voix… Ce sont des éléments primordiaux en communication.

 

Revenons sur le discours d’Aimé Jacquet avant le début de la coupe du monde en 1998, présenté dans ce formidable documentaire « Les yeux dans les bleus ».

Son attitude au début de la causerie exprime de la sérénité, du calme, son ton de voix est doux, rassurant.

Et il commence par : « Chaque fois que l’on est sur le terrain, c’est tout du bonus pour nous » « … parce que nous allons faire un long parcours » Son discours exprime toute sa certitude sur le succès de l’équipe et l’amène à se projeter, très rapidement, vers ce long et magnifique parcours.

« Et il faudra être prêts vendredi, et prêts ensuite » « J’aime bien aussi qu’il y ait une responsabilité collective » « Il va falloir être costauds et solidaires parce que l’on va en subir des chocs et des émotions et quel beau truc à vivre… un moment inoubliable dans votre vie de footballeur ». On y voit les conditions nécessaires à la réussite :

–          « Être prêt » parce qu’un match se gagne en partie…avant le match,

–          La responsabilité de chacun est essentielle dans la construction d’une réussite collective,

–          L’exploit ne peut s’inscrire uniquement dans les émotions qui le guident.

Il n’évoque pas la pression, le stress, la peur mais orientent les joueurs sur ces émotions « positives » et intenses, sur la rareté d’un tel ressenti, de la chance de cette opportunité qu’ils ont de vivre un tel évènement. Il donne ainsi des repères sur le déroulement de cette compétition.

Puis, il enchaine sur un ton plus appuyé, plus déterminé et plus tonique : « Utiles pour l’équipe et efficaces…et venez pas m’emmerder…Fixez-vous des objectifs ! Tous ! Qu’est-ce que je peux faire ? » Il insiste sur la notion du collectif : de l’importance de mettre le talent individuel au service du collectif pour être efficace. Il met en valeur aussi la nécessité de se fixer individuellement des objectifs. La fixation d’objectifs est un outil puissant en préparation mentale. Aimé Jacquet utilise comme fil conducteur de son discours, la responsabilité de chacun.

« Jouer comme vous le savez, simplement. Mettez-vous dans vos meilleures dispositions. En respectant le jeu que chacun va pratiquer comme à l’entraînement. » Jouer simple, comme à l’entrainement permet d’aborder les matchs avec confiance de faire « juste ce que l’on sait faire », sans « sur-jouer ».

« Fixez-vous des objectifs, demandez-vous ‘’Qu’est-ce que je dois faire ?’’ » Trois éléments reviennent régulièrement dans le discours d’Aimé Jacquet comme une prise de conscience, un ancrage fort pour la suite de la compétition : Se fixer des objectifs individuels ; entrer rapidement dans la compétition ; et se responsabiliser.

Enfin, Aimé Jacquet se retourne vers chacun des joueurs et exprime ce qu’il attend de lui, son registre de jeu et ses failles à combler. C’est le fameux « Muscle ton jeu Robert. Si tu ne muscles pas ton jeu, fais attention ! », en utilisant un ton péremptoire, le doigt pointé comme menaçant.

« Zizou, meneur ça veut dire : l’obligation de mettre en route le jeu pour les autres » « Toujours en première intention pour que tes attaquants soient dans les meilleures dispositions » « Tu as un peu exagéré ces derniers temps. Je sais, il y avait 50 milles au Maroc qui scandent ‘’Zizou, Zizou’’.C’est normal… » Il le recadre sur son poste de jeu et insiste sur la nécessité de se mettre au service des autres et du collectif. Il emploie un ton amusé, un peu ironique mais avec beaucoup d’empathie.

« Et je finirais par Steph. Tu as marqué combien de buts? » [Stéphane Guivarc’h)  : « 40 », Aimé Jacquet : « En ce moment, il est dans une période de doutes. Il attend le déclic. Le déclic vient à ceux qui sont audacieux, qui sont persévérants et ceux qui sont intelligents » « Respect total des attaquants. Respect total des attaquants parce que j’étais incapable d’être attaquant» Quel meilleur discours pour rassurer, redonner confiance ? Aimé Jacquet exprime sa confiance pour ce joueur. Le message est fort. Trois éléments facteurs de la réussite apparaissent ici : l’audace, la persévérance et l’intelligence !

Nul doute que Didier Deschamps sera trouver les mots et adopter la bonne attitude pour emmener ses joueurs vers le succès.

 

Nathalie Crépin

 

Implication Concentration, les bases du chemin vers la réussite

Implication et concentration sont des termes connus de tous, employés par tous, mais que cachent-ils, et que révèlent-ils exactement? Ne vont-ils pas au- delà de leur simple définition?
Implication : lorsque l’on cherche une définition qui pourrait se rapporter à ce que nous imaginons communément, Larousse nous propose :
– « Etat de quelqu’un qui est impliqué dans une affaire » ou « Conséquence attendue ». Ce qui vous en conviendrez est surprenant. Continuant mes recherches aux vues des premières définitions, je trouve chez Réverso :
– « Etat d’une personne impliquée, engagée dans une affaire fâcheuse » ou « conséquence logique et attendue » ce qui se précise en fonction de ce l’on imagine, pour enfin trouver une définition mathématique :
– « Liaison conditionnelle entre l’antécédent et le conséquent ». Et là, nous pouvons nous dire effectivement que, de mon degré d’implication, dépend l’obtention de mes attendus.

Le résultat étant une conséquence du processus mis en place, il dépend donc à son tour du degré d’implication. Cqfd.

Concentration : Selon Larousse :
– « Fait de se rassembler, de se réunir » ou « Action de faire porter toute son attention sur un même objet »
Nous pourrions traduire par : Focaliser son attention sur un processus de réalisation (action). Ou de manière plus familière, se mettre à l’abri de toute distractibilité et parasite interne et/ou externe afin de potentialiser l’obtention des attendus en termes de réalisation de la tâche.

D’un point de vue psychologique, nous avons plusieurs options :
–  » La concentration peut être définie comme l’habileté à focaliser son attention sur la tâche en cours, et, de ce fait, à ne pas être distrait ou affecté par des stimuli internes ou externes non appropriés » A.Schmid, E. Peper, 1993
– La concentration est un état détendu d’alerte ou de réceptivité à ce qui arrive, une habileté à sélectionner et maintenir une focalisation appropriée de l’attention.” Hogg, 1995
– “La concentration, c’est l’effort mental que l’on fournit pour maintenir son attention sur la tâche en cours. Moran, 1999

Pourquoi prendre du temps à définir ce que tout le monde croit connaître ?

Et bien justement pour éviter le phénomène de distorsion des représentations, et trouver in fine un consensus et une définition qui ne réduisent pas le mot à un concept, mais un réel état d’esprit au service de la performance de haut niveau.
Plus les choses sont floues plus il est difficile de mettre en place quelque chose de précis. Par extrapolation, plus les objectifs ont des contours flous, plus il sera difficile de mettre en place des procédures précises et efficaces.
Nous savons que plus les situations sont dangereuses, exigeantes ou d’un niveau très élevé, plus elles requièrent un niveau d’investissement physique et psychique important. Jusqu’au point parfois de nous faire passer dans cet état d’extra lucidité, de distorsion du temps, de sensation extrême que l’on appelle le flow (Csikszentmihalyi). Ainsi lorsque que l’implication et la concentration sont à leur comble et que le travail de répétition lors des entrainements permet une automaticité maximale, nous nous décentrons des enjeux, du résultat et nous sommes uniquement dans l’action. Ici et maintenant, à l’abri de toute distraction et au centre de la performance.

Cependant l’état de flow aujourd’hui n’est pas quelque chose que l’on contrôle. Par contre nous pouvons TOUT faire pour tendre vers, et ce dès l’entrainement.

En France actuellement, nous avons tendance à focaliser notre attention prioritairement sur le beau geste, la réalisation technique, pensant que « le beau geste » est indissociable de la victoire. Il y contribue certes mais ce n’est qu’un moyen, qu’une des composantes de la performance. Combien de sportifs ont développé une personnalisation de leur technique n’ayant pour souci que l’efficience et la victoire.
Si nous revenons à notre notion d’implication / concentration, il est clair que le geste réalisé avec ces deux éléments est beaucoup plus performant que si il est réalisé avec la focale uniquement gestuelle. Et surtout grâce à ces deux facteurs, l’athlète se trouve décentré de l’objectif de résultat.
Comment pouvons-nous activer ces deux éléments ?
La première chose est de donner du sens à chaque fois que l’athlète met un pied sur le terrain ou se prépare pour l’entrainement ou la compétition (hors terrain).
Demandez à un athlète pourquoi il s’entraine, il vous répondra à 90 % pour progresser ou pour être meilleur voire pour gagner, et non pour être prêt, se sentir fort au prochain match ou mobiliser son plus haut potentiel en fonction de la forme du moment. N’oublions (pas comme cela se passe malheureusement trop souvent), on s’entraine pour le match d’après et non pour l’entrainement d’après.

 Il faut donc :
– Définir AVEC lui ce dont il a besoin au-delà des objectifs de résultats, ce dont il a besoin pour se sentir de plus en plus fort et capable d’affronter des sportifs de plus en plus forts.
– Définir AVEC lui ce qu’il veut réellement et ce qu’il est prêt à faire pour obtenir ce qu’il veut
– Définir AVEC lui une ou des routines de performance en fonction des moments ou évènements pour qu’il puisse accéder au niveau d’implication et de concentration nécessaire. (principes de fixation d’objectif, au minimum S.M.A.R.T*)
– Définir AVEC lui un discours interne en totale congruence avec ce qu’il veut réellement
– Définir AVEC lui ce que c’est d’être pleinement engagé physiquement et psychiquement « ici et maintenant »
– Définir AVEC lui des critères d’auto évaluation lui permettant de réajuster son implication et sa concentration
– Définir AVEC lui ses forces et ses faiblesses car on gagne prioritairement avec ses forces
– Définir AVEC lui que la notion d’erreur (ou d’échec est un feedback, une information sur laquelle s’appuyer pour travailler encore et encore)

Demander aux entraineurs de ne pas engager des modifications ou des changements d’exercices voire de consignes, tant que le niveau d’implication et de concentration n’est pas optimum. Ce sont des prérequis incontournables de la performance au sens Anglo-saxon : « to performe » (effectuer, accomplir). L’exigence de l’entraineur doit d’abord se situer dans l’implication et la concentration avant de se situer dans la réalisation technique ou dans le résultat.

Nous pouvons dire communément que l’intention implique l’action. Certes, mais pour le haut niveau, l’implication / concentration permet l’intention précise et adaptée qui implique l’action précise et adaptée.

Des outils de préparation mentale autres que la fixation d’objectifs, les routines de performances, le discours interne, etc, tels que l’imagerie, la relaxation psychosensorielle de Vittoz** contribuent aussi à travailler et à augmenter le niveau d’implication et de concentration chez l’athlète.

Des outils technologique développés tels que « Neuro Tracker » contribuent aussi à ce développement.

Prenons un exemple : Un plongeur de « Cliff diving » qui arrive à 90 km/h dans l’eau s’entraine-t-il de la même manière en termes d’implication / concentration (Cf. définition mathématique) qu’un athlète qui court le 100m ou un joueur de foot. Il semblerait que non car l’exigence de la situation requiert un engagement total. Si on rate un 100m cela n’a pas la même conséquence que de rater un plongeon à 30m. Dans l’absolu, il faudrait que l’investissement de chaque sportif soi identique toute spécificité respectée mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. « On ne court jamais aussi vite que lorsque l’on a un ours enragé derrière soi » en caricaturant il faut apprendre à se mettre soi-même un ours derrière soi quand il n’y en a pas.

Fort de cet exemple nous pouvons dire que l’implication et la concentration c’est être pleinement engagé, focalisé physiquement et psychiquement dans le présent instantané « ici et maintenant ».

Stéphane Limouzin

*S.M.A.R.T : Spécifique, mesurable, orienté vers l’action, réaliste, défini dans le temps
**Relaxation psychosensoriel de Vittoz : La relaxation aide à entrer dans un rapport intime avec soi-même, hors de tout jugement sur soi. Elle nous donne accès à notre espace intérieur de tranquillité. Elle permet de réguler notre réceptivité (capacité à recevoir des informations externes et internes) et notre émissivité (capacité à émettre des sensations des émotions, des idées des jugements).

Le démon du « mieux »

 

Le mieux est l’ennemi du bien

Les procédures, les outils, les diagnostiques de la Préparation mentale ne sont pas forcément aussi compliqués que cela semble être. Parfois les notions les plus évidentes, les plus simples, celles qui devraient nous « crever » les yeux sont celles qui ont le plus de mal à être mises en lumière. D’ailleurs, certaines expressions largement utilisées « l’air de rien » ont tendances à générer plus de problématiques que de solutions. Prenons donc l’exemple de cette fameuse phrase :  « On peut toujours faire mieux ».

Qui n’a pas eu en tête ou entendu, par un parent, un entraineur, un professeur, l’idée que l’on peut toujours faire mieux ou qu’il y a toujours mieux à faire, quel que soit les situations.

Cependant, nous sommes nous posé la question de ce qui pouvait être provoqué lorsque nous entendions, ou voulions faire « mieux ». Mieux que quoi ?, mieux que qui ?, mieux que quand ? Et tout simplement, que veux dire faire mieux ?

Définition de « Mieux » : d’une manière meilleure, plus convenable (Larousse)

Nous pouvons donc déduire que pour « faire mieux » il faut déjà avoir produit quelque chose. Par conséquent, dans un premier temps, il faut donc déjà avoir effectué un acte avant de vouloir le faire mieux. Nous savons par ailleurs que la confiance en soi est la croyance en la capacité de réussir. De ce fait la confiance pour être nourrie, semble nécessiter la satisfaction (j’ai bien fait) des actes produits. Ainsi la notion d’accomplissement pourra émerger.
Mieux pourra être entendu alors par : faire « plus bien » que bien. Ce qui implique alors qu’avant de faire mieux il faut avoir déjà « fait bien » ou reconnu d’avoir « fait bien » ou bien fait.

 A son tour que veut dire avoir bien fait ?

Bien fait, n’est pas d’avoir réussi, car réussir, implique un résultat, et un résultat est la conséquence d’une opération. C’est-à-dire une succession de situations dans lesquelles nous avons pu faire notre maximum, en fonction du moment et de la forme du moment.
En d’autres termes, nous pouvons traduire que bien faire est un processus de réalisation d’objectifs intermédiaires (performance et processus) qui mis bout à bout donne le maximum de chances de réussite. De ce fait, si la réussite n’est pas au bout du chemin, nous ne pouvons rien nous reprocher car nous avons fait tout ce qui était dans nos possibilités, (potentialité).

Prenons l’exemple d’un alpiniste qui ne regarderait uniquement la montagne à grimper afin de prévoir son ascension. La tâche serait rude à envisager : par quel bout commencer? Par contre si celui commence à déterminer le chemin à emprunter et à le diviser en étape, il pourra se préparer au mieux pour chaque étape qui enchainées, devrait le conduire au sommet.
Dorénavant lorsqu’il regarde la montagne, il ne la voit plus mais s’offrent à ses yeux les différentes étapes fixées. (Cf. schéma).

Montagne

Après fixation d’objectifs :

Fixation d'objectifs

 

En accordant de l’importance aux étapes et aux objectifs intermédiaires, on ne voit plus l’objectif de résultat et ainsi la tâche devient beaucoup plus accessible par une succession de réussites qui amène logiquement vers le succès final. On ne voit plus la difficulté première.

Après l’adage, « le mieux est l’ennemi du bien ». Accordons nous donc la possibilité de « faire bien » (notion de satisfaction, d’accomplissement) et de le reconnaître (auto efficacité (Bandura)), avant de vouloir faire mieux. Car, vouloir faire mieux en permanence, implique que nous ne sommes jamais satisfaits de ce que nous faisons. Notre confiance et notre estime de soi dépendent aussi de notre capacité à être content de nous afin de conserver une motivation (envie d’agir) croissante.

Par conséquent, il semble que l’idée de « faire mieux » soit beaucoup plus néfaste qu’elle ne parait, étant donné que dans la notion du « mieux faire permanent », il y a le sentiment d’insatisfaction du travail accompli. En effet toujours vouloir faire mieux, empêche la notion d’accomplissement et projette inéluctablement vers le futur, interdisant tout ancrage dans le présent, créant ainsi une instabilité émotionnelle. Nous ne pouvons agir que sur des situations vécues dans le présent.

« Oublie ton passé qu’il soit simple ou composé, participe à ton présent pour que ton futur soit plus que parfait »
A toute personne voulant d’elle-même, faire toujours mieux. A toute personne (parent ou entraineur, professeur) induisant de manière récurrente l’idée que l’on peut toujours faire mieux, attachez-vous et prenez le temps en premier lieu à reconnaitre ce qui est bien fait dans une situation pour en déduire ce qui doit être amélioré avant de vouloir mieux faire immédiatement (L’erreur est la petite lanterne qui met en lumière ce qui doit être encore travaillé).

Stéphane LIMOUZIN

L’histoire d’un être condamné…à devenir champion ! Ou chronique d’un champion annoncé : celle de TIGER WOODS

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Bien avant sa naissance, son père, Earl Woods poursuit un parcours qui peu à peu va l’amener à envisager pour son fils un destin hors du commun.

Earl Woods né dans les années 1930 aux Etats-Unis, à une époque où son métissage d’asiatique, de noir et d’indien constitue une véritable barrière pour une ascension sociale.

Qu’importe ! Il s’engage dans les Green Berets, les « durs à cuire » de l’armée américaine. Il part au Vietnam et à son retour se sépare de sa femme et de ses trois enfants. En Asie, il fait la connaissance de Kutilda, qui est comme lui un peu Thaïlandaise, Chinoise et Européenne. Ce n’est que six ans après que naîtra Eldrick Woods, surnommé dès sa naissance Tiger!
Earl décide que Tiger aura une histoire hors du commun, et il va consciencieusement et rigoureusement le préparer à ce destin.

Il choisit le golf parce que « le golf tire par le haut, par essence. Il force les gens qui y adhèrent à un comportement plus noble ».

Première étape, amener Tiger à vouloir faire du golf.
US Tiger WoodsIl va peu à peu, méthodiquement, forger Tiger pour devenir un champion, recourant fréquemment aux méthodes apprises à l’armée. Première étape, amener Tiger à vouloir faire du golf. Pour ce faire, il oblige Tiger, encore bébé, à rester tranquille et à regarder dans sa chaise pendant qu’il swing dans le garage de la maison. L’effet recherché est évident : Tiger frétille d’impatience de faire comme papa, mais c’est aussi un premier apprentissage du contrôle et de la maîtrise de soi.

Pour accroître sa maîtrise, sa gestion de ses émotions, et sa concentration, Earl, lors des entraînements, utilise des techniques apprises à l’armée: il tousse, fait du bruit, démarre son véhicule au moment où Tiger va putter.
Et Tiger exploitera ces atouts sur le green : jamais en colère, dans une maîtrise parfaite de ses émotions, le regard dans le vide, anticipant parfaitement les pièges du parcours.

A 6 ans, Tiger écoute des cassettes subliminales (motivational cassettes) ;
A 10 ans, il pratique des séances d’hypnose avec cette phrase en leitmotif : « Aie confiance dans le coup, plus qu’en toi-même ».
Il développe tout au long de son enfance une relation fusionnelle, quasi mystique, avec son père et dira plus tard communiquer avec lui par télépathie lorsqu’il est sur le green. Et sa mère dans cette histoire si particulière ? Elle est elle aussi omniprésente sur les greens et lui prodigue des conseils.

Pour compléter cette formation, il emmène Tiger alors âgé de 11 ans, passer 6 mois dans un camp militaire ». Tout est passé en revue, de la psychologie d’intimidation au contrôle émotionnel, allant jusqu’à le former aux techniques d’interrogatoire de prisonnier de guerre. Il se forge une force tant physique que psychologique à toute épreuve :

Une machine à gagner que rien ne déstabilise!
« Le cerveau de Tiger est alimenté par son subconscient, c’est d’ailleurs son meilleur côté »
(Earl Woods ».
Et son palmarès est édifiant. Il devient en 2001, le premier joueur de golf à remporter le grand chelem (quatre titre du grand chelem en même temps) baptisé le Tiger Slam.

Earl Woods décède le 3mai 2006. En août 2006, il remporte son 50ème tournoi sur le PGA Tour. Il est le plus jeune joueur de l’histoire à atteindre cette marque. Il termine l’année en remportant 6 tournois de suite et en remportant les 3 trophées les plus prestigieux. C’est la 7ème fois qu’il remporte ces 3 trophées la même saison. Nouveau record !

Un destin extraordinaire pour une histoire magnifique ???
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Histoire de la psychologie du sport

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brain2-2Si la psychologie du sport est une science récente (dans les années 1980 en France) son origine remonte néanmoins au XIXe siècle. Son histoire se découpe en cinq périodes dont chacune est illustrée par des personnes et des événements particuliers.

Les premières années (1895 –1920) :
1897 : première expérience scientifique en psychologie du sport pour étudier les effets de la présence d’autrui sur la performance.
La psychologie du sport débute vers 1890 en Amérique du Nord avec Norman Triplett, un psychologue de l’université de l’Indiana et passionné de cyclisme.
Il s’interroge sur le fait que les cyclistes qui courent en équipe courent plus vite que lorsqu’ils courent seuls, pour un contre-la-montre par exemple.
Pour vérifier son hypothèse, il réalise une expérience dans laquelle des enfants doivent enrouler aussi rapidement que possible une corde sur un moulinet. Les résultats de son expérimentation montrent que les enfants enroulent plus de corde lorsqu’ils s’exécutent en présence d’un autre enfant.
D’autres études par la suite vont infirmer ce résultat.

1899 : E.W.Scripture décrit les traits de personnalité susceptibles de se développer grâce au sport. Ses recherches portent essentiellement sur les bienfaits de l’activité physique.
Le développement de la psychologie comme science a incité les psychologues à rechercher de nouveaux domaines d’études. Le domaine sportif a alors constitué pour certains un domaine privilégié permettant l’étude des facteurs psychologiques reliés à la performance motrice.
Parallèlement les recherches en psychologie du sport se développent en Allemagne et en Russie.

[sws_blue_box box_size= »600″]Mais le véritable fondateur de la psychologie sportive américaine est Coleman Griffith. [/sws_blue_box]

L’époque de Griffith (1921 1938).
Psychologue, il met sur pied le premier laboratoire de psychologie sportive. Il participe également à la création de l’une des premières écoles d’entraîneur aux États-Unis et écrit deux ouvrages sur la psychologie du sport.
Il décrit les profils psychologiques de figures emblématiques de l’équipe de base-ball. Il échange également avec des entraîneurs sur la préparation psychologique d’une équipe. Il montre un engagement un intérêt particulier pour l’amélioration des pratiques sportives.
Aux Etats-Unis, la psychologie du sport fut principalement influencée par la théorie de la personnalité et le concept de trait.
Parallèlement, la psychologie du sport se développe en Allemagne, au Japon et en Russie, sans pour autant qu’il y ait échange entre eux.

Mise en place d’un savoir scientifique sur la psychologie du sport. (1939-1978).
Lors de cette période, la psychologie du sport est influencée à la fois par l’éducation physique mais aussi par la psychologie. En découle alors deux orientations : la première se développe dans une perspective appliquée et répond ainsi aux besoins précis du milieu sportif et la deuxième orientation vers le domaine théorique et conceptuel développé dans les laboratoires.

Franklin Henry, de l’Université de Berkeley, voue sa carrière à l’étude des facteurs psychologiques dans le domaine sportif et l’acquisition des habiletés motrices. Il forme également de nombreux étudiants qui eux même entreprennent de former d’autres professionnels et enrichissent les données scientifiques sur le sport.
La période 1950 à 1965 est considérée comme la période durant laquelle la psychologie du sport s’est le plus développée, période qui correspond à l’essor des fondements théoriques en psychologie.

Les théories de la personnalité, de la gestalt, de la motivation influencent fortement le courant de la psychologie du sport.
Vers le milieu des années 1960, l’éducation physique a déjà atteint le statut de discipline universitaire et la psychologie sportive en constitue une base.
Le système sociopolitique des pays précurseurs en psychologie du sport marque profondément l’orientation en psychologie du sport.
En Union Soviétique par exemple, la psychologie du sport est planifiée par le gouvernement dans une perspective d’ensemble, contrôlée et orientée vers l’atteinte de performances maximales en compétitions sportives internationales (Schneidman, 1979). Elle se développe donc dans une perspective appliquée plutôt que fondamentale, avec le concept de préparation psychologique à la compétition instaurée au cours des années 1960.

En Europe et aux États-Unis, les sujets d’études sont principalement axés sur l’étude du stress et de ses effets sur la performance, ainsi que l’étude des traits de personnalité. L’évaluation de la personnalité au moyen de tests a constitué un des sujets de recherche le plus souvent investigué durant cette période. Les ouvrages sur le thème de la psychologie du sport prolifèrent.

En France, dès 1950, auprès de l’équipe de France de ski de piste, A.Bouvet met en place une batterie de tests d’évaluation et en vérifie sa validité. Il initie le yoga comme moyen de préparation psychologique. Mais sa démarche novatrice ne reçoit que de très rares échos.

A partir de 1965 la psychologie du sport a été reconnue comme discipline structurée, autonome, scientifique et comme profession.
L’évaluation des traits de personnalité en milieu sportif, principal sujet de recherche de la période précédente, est peu à peu abandonné.
Les recherches, principalement effectuées en laboratoire, s’orientent davantage vers les théories de la facilitation sociale ou celle du renforcement social.
Aux jeux olympiques de Mexico, en 1968, des psychologues du sport comme M.Vanek (Tchèque) et B.J.Cratty (Américain) interviennent régulièrement auprès des équipes nationales. Après de multiples échanges sur leur pratique, ils écrivent un ouvrage pionnier : « psychologie sportive et compétition ».

Vers la fin des années 1970, Martens a cependant provoqué un autre changement majeur en remettant en cause les résultats obtenus en laboratoire. psy-sportLes recherches s’orientent alors dans une perspective appliquée, avec pour objet principal le développement des habiletés psychologiques telles que la pratique mentale de la gestion du stress (Landers,1983).
Cet intérêt pour la psychologie appliquée n’a cessé de croître jusqu’à nos jours, parce qu’elle doit répondre à la demande de plus en plus importante du milieu sportif mais aussi parce qu’elle est devant la nécessité de démontrer l’efficacité de ses méthodes.

Les champs d’intervention se sont développés. Ainsi pour Singer (1978), la psychologie sportive s’adresse à tout individu quelque soit son âge, son sexe et son niveau de pratique. Au contraire, pour d’autres auteurs comme Thomas (1983), elle s’adresse aux athlètes de haut niveau dans une perspective d’accroître sa performance.
La psychologie du sport contemporaine est marquée par la création du « Journal of sport psychology » en 1979.

Mais il faut attendre 1988 pour voir la participation de psychologues sportifs comme accompagnateurs de l’équipe olympique américaine.

Le XXIème siècle : l’ère de la performance sportive et donc de l’aide à la performance.
Depuis 1988, son essor est spectaculaire. Ce mouvement ne fait que s’accélérer avec un intérêt croissant du sport de haut niveau pour l’apport des psychologues. Mais aussi parce que ce sport de haut niveau connaît de fortes transformations et une médiatisation qui exacerbe ce phénomène et renforce les enjeux autour du sport de haut niveau. Un exemple de cette reconnaissance: l’équipe d’athlétisme des États-Unis, soit environ 180 athlètes, est encadrée pendant certains entraînements et pour les compétitions principales par quinze psychologues du sport, selon une répartition très fonctionnelle des tâches ; par exemple, un psychologue qui s’occupe des sauts horizontaux, un autre psychologue traite des sauts verticaux…

Cette légitimité du psychologue du sport contraste avec une problématique majeure autour de la profession, autour de la discipline professionnelle. Cette problématique est essentiellement centrée sur les exigences de formation et d’accréditation imposées. La psychologie du sport est régie dans la plupart des pays par une réglementation rigoureuse spécifiant la nécessité de l’obtention du titre de psychologue, titre légalement protégé. Or, une grande majorité des intervenants en psychologie du sport proviennent de formation des sciences du sport. Voir Charte des psychologues du sport.

Cette situation complexe constitue l’une des principales entraves au développement de cette profession. « Un collectif de psychologues s’était réuni à Dijon sous l’égide de la Société française de psychologie du sport (Gillot et Lévèque, 1989). Cette commission a rappelé qu’une relation clinique duelle constitue la matrice et la position de référence de toute intervention psychologique : établir une relation intersubjective avec l’athlète est la nécessité première pour écouter et analyser sa demande » (extrait de l’ouvrage Sport et psychologie. L’apport du psychologue aux acteurs, Marc Lévèque, les cahiers de l’INSEP, N°4-1993).

Nathalie Crépin, Florence Delerue

Références :
Histoire de la psychologie du sport : Professeur C.Sarrazin de l’Université de Montréal.
Sport et psychologie. L’apport du psychologue aux acteurs, Marc Lévèque, les cahiers de l’INSEP, N°4-1993).
Psychologie du sport et de l’activité physique. R.S.Weinberg / D. Gould, Vigot, 1997.

Psychologie du sport, préparation mentale, coaching : Quelles différences ?

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CoachingSolutions
Il y a, en France, un amalgame conceptuel et méthodologique entre la psychologie du sport et la préparation mentale.

Cette opacité est surtout française. Le terme de préparation mentale est le plus fréquemment employé, mais il varie selon les pays. Dans la littérature anglo-saxonne, le terme d’entraînement mental, ou entraînement des habiletés mentales, prévaut sur celui de préparation mentale. Les auteurs germaniques parlent eux d’entraînement psychologique.

Mais un autre terme vient envahir la presse et les médias, c’est le terme de coaching. Ce terme « fourre tout » revêt une réalité tout aussi nébuleuse que sa terminologie.

Le coaching concerne l’accompagnement et l’épanouissement du client : on parle de coaching d’entreprise, de coaching de formation, de coaching conseil, de coaching de vie, de coaching de relookage…Sa prolifération dans les médias et son aspect éminemment marketing favorisent les dérives de cette profession non structurée, tant sur les compétences requises que sur une éthique de la pratique. Et certains mouvements sectaires se sont emparés de ce marché porteur, où tout un chacun, peut, demain, exercer comme coach.

Le psychologue du sport, quant à lui, possède un titre et un statut de psychologue protégé et régis par un code de déontologie. L’obtention de ce titre n’est donc délivrée qu’après un certain nombre d’années d’étude par des compétences certifiées dans le domaine. C’est « Un médiateur de sens entre la préparation mentale, le sportif et son environnement »
Gilles LECOCQ.

La psychologie du sport « est l’étude des facteurs psychologiques et émotionnels sur les performances et de l’influence de la pratique sportive sur ces mêmes facteurs »
Richard Cox (psychologie du sport, Ed De boeck).

Son objectif est d’améliorer les performances mais aussi de prendre en compte la singularité du sportif et de son environnement. Elle vise à renforcer certaines qualités inhérentes à la performance, mais aussi à harmoniser le contexte relationnel, affectif et environnemental. Elle s’intéresse donc au sportif dans sa globalité et sa singularité. Le psychologue du sport peut également proposer un travail psychologique si nécessaire ou si des troubles psychologiques se manifestent.

Marc LEVEQUE psychologue du sport et maître de conférence, propose dans son ouvrage sport et psychologie, un éclairage sur cette pratique de la préparation mentale. « La préparation mentale recouvre l’utilisation par l’athlète, à l’approche de la compétition, de techniques de contrôle de l’anxiété et de renforcement de l’efficience motrice… La préparation mentale propose un ensemble de techniques que l’athlète apprend et applique dans deux objectifs: maintenir l’efficacité du geste dans une situation de compétition et se blinder contre les influences génératrices de stress.»

Elle fait donc référence à des habiletés, des procédures et des stratégies en vue d’améliorer les apprentissages et d’optimiser les performances.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Des habiletés comme la confiance en soi, la concentration…
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Des procédures comme la relaxation, l’imagerie mentale, la fixation d’objectifs…
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Des stratégies comme le renforcement de la cohésion de groupe.

Elle utilise pour ce faire des techniques et des outils, pour la plupart, importés des pays anglo-saxon. Les techniques (voir article sur les techniques en préparation mentale) et les outils les plus fréquemment usités sont la relaxation, l’imagerie mentale, les techniques cognitives de contrôle de la pensée.

Dans le modèle nord-américain, la différence des deux approches est plus claire et elle est régit par des sociétés scientifiques.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Le fonctionnement nord-américain, en psychologie du sport, différencie le clinicien (le psychologue) du consultant (le préparateur mental) (Weinberg et Gould, 1995).
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Cette répartition des compétences est contrôlée par des sociétés scientifiques.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Un psychologue du sport peut former un ou plusieurs préparateurs mentaux.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Il assure le suivi et supervise les préparateurs mentaux.

En France, cette distinction n’a pas cours même si ces deux professions connaissent de profondes mutations en vue de se structurer. Les différents acteurs du monde sportif se trouvent encore confrontés à un foisonnement d’intervenants dans le domaine de la psychologie du sport et de la préparation mentale, d’horizons et de compétences fort diverses.
Mais une volonté manifeste d’offrir un éclairage sur ces pratiques et ces intervenants est en train de se développer en France, avec la création de réseaux nationaux d’experts dans le domaine, sous l’impulsion de l’INSEP, tête de réseau du sport de haut niveau en France.

Crépin Nathalie
Delerue Florence

Le bracelet power balance : que la force…mentale soit avec toi !

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2579688_origLes explications de l’engouement pour ce bracelet sont multiples et complexes. Mais la polémique s’élève surtout sur son efficacité. Le bracelet Power balance est-il efficace ? Nous aurions tendance, nous les psychologues du sport, à répondre…oui à son efficacité, mais sur le plan psychologique!

Les exemples de gris-gris, de talismans, de croyances, de pratiques ritualisées dans le sport foisonnent : le crâne talisman de Barthez (ancien gardien de football de l’équipe de France), l’étude des ondes d’un stade quelque mois avant les jeux olympique d’Athènes pour améliorer la performance de la sprinteuse Christine Arron (la sprinteuse guadeloupéenne travaillait avec une psychothérapeute-énergéticienne), la casquette d’Elie Baup (ex-entraîneur de football), les aimants placés sur les oreilles qui prémunissent de la douleur… Mais ces croyances ne sont pas l’apanage des sportifs de haut niveau. Quel sportif ne rechausse pas la chaussette qui lui a permis de gagner, ne vérifie pas la présence de son porte bonheur dans son sac, ou encore n’achète pas la dernière paire de chaussures de son champion ? Pourtant, nous savons tous que ce n’est pas la chaussette qui nous a fait gagner ni la chaussure qui fait courir vite, ni le porte bonheur qui nous immunise contre la défaite !

Ces pratiques relève de croyances et de rituels qui visent à accroître la confiance en soi et à juguler certaines angoisses engendrées par la compétition. Dans le sport de haut niveau, le stress, les angoisses et la pression sont telles que le recours à de telles pratiques sont extrêmement fréquentes. Ces croyances et rituels sont de véritables placebos.

Le bracelet power balance relève de ces croyances et son effet placébo peut en effet être spectaculaire. Des études sur les effets placebo de certaines substances nous renseignent sur la puissance du psychisme sur le corps. En matière de placébo, le contexte revêt une importance maximale. Par exemple, lorsque le sujet est placé dans des situations d’anxiété fortes, l’efficacité du placébo dépasse parfois les 85%. Rappelons que le placébo est une substance (ou une action) inerte administrée dans le dessein de soigner (ou d’améliorer). Il n’a logiquement et rationnellement aucun pouvoir réel de soigner ou d’améliorer. Il relève donc de processus psychologiques. Ces effets ont aussi un impact majeur sur l‘organique. On sait par exemple que l’on peut, grâce à une poudre quelconque, modifier les paramètres comme la tension artérielle, l’acidité gastrique, le taux de cholestérol ou le nombre de globule blancs. Ce qui montre la sensibilité du système immunitaire à la suggestion.

ronaldo-power-balanceLe contexte de l’effet bracelet power balance possède les ingrédients, mais uniquement commerciales, de son succès. De nombreux sportifs emblématiques comme le basketteurs Shaquille O’Neal, le conducteur de F1 Rubens Barichello, le footballeur Christiano Ronaldo, le dernieur vainqueur du tour de France Alberto Contador ou encore le sélectionneur de l’équipe de France de football Laurent Blanc portent ces fameux bracelets. Prenons l’exemple de Laurent blanc et l’image qu’il véhicule: un parcours sportif marqué par la réussite, vainqueur de la coupe du monde de football, un homme posé, qui transpire le sérieux et le pragmatisme. Dans l’esprit d’autrui : « Si lui le porte, c’est qu’il doit y avoir une raison, une preuve de son efficacité ! Alors pourquoi pas moi ! » C’est le doux mélange des croyances et des rumeurs ; Le fameux : « il n’y a pas de fumée sans feu ».

L’alchimie gagnante du bracelet power balance : une bonne dose de croyances et une identification à des figures emblématiques du sport auxquelles se rajoute la recherche éperdue de performance, le tout dans un contexte où le courant énergétique et les émotions a le vent en poupe. Les thérapies psycho-énergétiques connaissent en ce moment une ferveur certaine.

Sur les stades, dans les salles, nous avons largement progressé dans le sens d’un entraînement de plus en plus scientifique avec des séances de plus en plus spécifiques, basées sur les recherches physiologiques et médicales mais nous sommes d’une pauvreté tout aussi spectaculaire dans l’entraînement psychologique et la préparation mentale. Si presque tous les entraîneurs reconnaissent que le mental est un facteur essentiel et déterminant de la performance et que la préparation mentale améliore dans 85% des cas la performance et ceci de façon significative, la préparation mentale sur le terrain est à l’état embryonnaire. D’où l’importante quantité de comprimés, solutions injectables, de gris-gris et de talismans que l’on récence dans les grandes compétitions. Or l’esprit humain contient bien plus de ressources et d’efficacités que toute cette panoplie de « potions magiques ».

Si l’on ne change pas les mentalités, tous les bracelets power balance ont de beaux jours devant eux…

Nathalie Crépin
Florence Delerue

Référence : l’ouvrage de Patrick Lemoine : « Le mystère du placebo » aux éditions Odile Jacob, Paris, 1996.

La Blessure : un corps qui communique

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blessures-musclesDans les cultures sportives, le culte de la performance s’accompagne de coups de théâtre,
de rebondissements. Si la blessure fait partie de ces coups de théâtre, elle s’inscrit également comme un événement incontournable dans la vie de tout sportif.

En effet, si une blessure empêche momentanément un sujet d’être performant, elle témoigne néanmoins de son investissement dans une logique de l’extrême et du risque. Elle révèle également un paradoxe en ce sens où elle symbolise l’excellence corporelle mais aussi la faillite de ce corps.

Comment les blessures surviennent-elles ?

Les facteurs physiques comme le surentraînement, la fatigue sont les causes principales des blessures sportives.
Cependant les facteurs psychologiques sont aussi des éléments prépondérants dans la survenue des blessures mais également dans l’accélération de la récupération de ces facultés physiques.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] Lien entre traits de personnalité et blessure

Il est communément admis que certains traits de personnalité seraient corrélés avec la survenue de certaines blessures. Cependant aucune étude n’est venue valider cette conception.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] En revanche, le niveau de stress a été identifié comme un antécédent important des blessures sportives.

Anderson et Williams, 1988, mettent en évidence une corrélation étroite entre le stress de la vie courante et les blessures sportives. Plus précisément, il semble qu’un athlète court un risque accru de blessure s’il subit des changements importants dans sa vie sans jouir d’un soutien social adéquat et sans avoir la capacité de réagir efficacement au stress.
Par conséquent, les sources de stress dans la vie de l’athlète constituent des indicateurs et, lorsque ceux-ci sont élevés, le régime d’entraînement doit être adapté et un soutien psychologique fournit.

Deux théories expliquent la relation entre le stress et les blessures : la rupture de l’attention et une tension musculaire accrue.
Concernant la rupture de l’attention, le stress perturbe l’attention de l’athlète en réduisant son attention périphérique (Williams et Anderson, 1991).
Un niveau élevé de stress s’accompagne parfois d’une tension musculaire considérable qui nuit à la coordination et augmente la probabilité des blessures (Nideffer, 1983)

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D’autres facteurs psychologiques vont également interférés dans la survenue des blessures

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] Les exigences et les contraintes exigées parfois par l’entourage du sportif renforcent ce genre d’effort. Des injonctions comme « soit dur et donne toujours 110% », « « tu es un killer» ou encore « donne tout ce que tu as ou reste chez toi » favorisent les comportements à risque.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] La culture du corps sain et robuste, et l’injonction « soit fort ».

La sacralisation du corps, l’excellence corporelle, l’avènement d’un corps sain et robuste, développent une attitude de mépris vis-à-vis de toute faille, de toute rupture de ce corps. Il n’est pas rare que des entraineurs encouragent les sportifs à pratiquer en dépit de blessure avec des injonctions comme « il faut souffrir pour vaincre ». C’est une attitude de déni vis-à-vis de la souffrance. Seule la victoire est belle, peut importante la façon.

Attitude de l’élite ? Pas seulement.

Que dire de l’éducateur sportif qui sollicite l’enfant blessé parce qu’il est en manque d’effectif ou simplement par ce que celui-ci est un élément important de l’équipe ?

Les réactions psychologiques aux blessures sportives

Les réactions psychologiques aux blessures sportives

Fournier, D’Arripe-Longueville, Fleurance et Soulard, 2001, ont décris cinq stades successifs.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] Le choc, le refus et l’anxiété. C’est pour le sportif un coup de tonnerre, un choc. En état de choc, il ne peut croire en sa blessure et a tendance à réduire la gravité de la blessure et sa signification. C’est pour certain le moment du nomadisme médical, la recherche de la solution miracle, du diagnostic le plus favorable, de la récupération la plus rapide. Peu importe la pertinence d’une telle démarche thérapeutique, seul le retour à une pratique sportive rapide et prépondérante.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] Puis survient la colère : l’athlète culpabilise, mais exprime également une colère vis-à-vis des autres.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] Puis survient le temps de la négociation : l’athlète blessé tente de rationaliser afin d’éviter la réalité. « Si je peux de nouveau m’entrainer, je suivrai une autre hygiène de vie ». Les exemples en ce sens foisonnent.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] La phase de dépression accompagne la reconnaissance de la gravité de la blessure et de ses conséquences. L’athlète réalise qu’il ne pourra peut-être plus continuer à s’investir aussi pleinement dans son activité sportive mais réalise aussi la précarité de sa pratique et l’incertitude quant à son avenir.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] Enfin, l’acceptation et l’espoir permettent de à l’athlète de se focaliser sur la phase de récupération.

D’autres auteurs comme Petitpas et Danish en 1995 énumèrent d’autres réactions psychologiques.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] Ils mettent particulièrement l’accent sur la perte d’identité, au regard d’un corps qui échappe à la maîtrise de son propriétaire. Le corps est un objet de reconnaissance sociale, d’identité sociale.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] Après une blessure, l’athlète peut ressentir un niveau élevé d’anxiété en lien avec une incertitude sur son future mais aussi en lien avec sa place au sein du groupe, au sein de l’équipe.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] Ces auteurs relatent également une baisse de la confiance en soi, de l’assertivité qui peut générer une baisse de motivation, une performance de moindre qualité ou une autre blessure.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] Enfin, nous observons une diminution des performances, une baisse de rendement en raison d’une diminution du niveau de confiance en soi et de la perte de temps d’entraînement. Nombreux sont les athlètes qui n’acceptent pas cette baisse de performance et de rendement.

Rôle de la psychologie sportive dans la réadaptation

blessuresDe nouvelles techniques en psychologie facilitent aussi le processus de récupération. Au vu des données actuelles, il semble prépondérant d’adopter une vision holistique du sportif, d’appréhender le sportif dans son entité et dans son ipséité.
Selon Duda, Smart et Tappe en 1989, la capacité de réaction et de récupération à la blessure va dépendre de trois facteurs principaux : le rendement avant la blessure, la nature de la blessure (localisation de la lésion, le degré de la douleur suspension) et l’importance de la blessure pour le sportif.
Levleva et Orlick en 1991 révèlent dans une étude que les athlètes qui guérissent les plus vite sont ceux qui font le plus appel à la fixation d’objectifs, aux stratégies du discours interne, et à un degré moindre à l’imagerie. D’autres études semblent valider ces résultats.
Parallèlement, d’autres études ont conclu que le refus d’assumer la responsabilité de sa propre réadaptation, le refus des blessures, et le non-respect des consignes liées à la réadaptation sont des signes d’une réaction inadéquate à la blessure.

Approche du psychologue sportif

Une approche multiaxiale du psychologue sportif semble favorable à la récupération.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] Le psychologue sportif doit faire preuve d’une empathie et d’un intérêt particulier pour le sportif blessé. Offrir au sportif un lieu de parole, d’écoute pour qu’il puisse exprimer ses craintes, son désarroi, ses peurs, ses déceptions, est un atout indéniable dans le processus de récupération. Cet intérêt doit se poursuivre tout au long de la guérison.

Ceci est d’autant plus prégnant pour le sportif, qu’il observe fréquemment une diminution des interactions avec l’environnement sportif, une fois la nouveauté de la blessure estompée. Il est important de renseigner l’individu sur sa blessure et son processus de récupération, surtout s’il s’agit d’une première blessure. Le processus de récupération doit être évoqué avec une grande précision, aussi bien sur le contenu que sur la durée et la fréquence.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] Le discours interne positif. L’enjeu est ici de pouvoir mettre en exergue les aspects positifs de la situation. C’est un moment de prise de distance avec l’environnement sportif mais aussi de remise en cause, d’une prise de conscience de la signification psychologique et sociale du sport dans sa vie (Eldrige, 1983).

C’est à ce moment que l’individu se sent prêt à s’investir de nouveau dans un réseau social élargi. Il s’investit également fortement dans ses différents centres d’intérêt.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] La visualisation est un outil pertinent et efficace en réadaptation. Elle permet pour le sportif de rester dans l’environnement sportif, de mémoriser les séquences techniques et tactiques développées lors de l’entraînement mais aussi de favoriser l’apprentissage de gestes techniques.

Visualiser la guérison permet à l’athlète de s’inscrire dans un processus de retour à l’activité et de se remémorer les sensations vécues dans son sport. L’athlète peut ainsi visualiser sans douleur ni difficulté des mouvements spécifiques au sport, imaginer les habiletés individuelles requises pour une meilleure performance, revivre les sentiments et les émotions qui caractérisent ses meilleures performances, se visualiser revenant à la compétition au mieux de ses capacités, visualiser le processus de guérison à l’intérieur de la partie blessée.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] L’entraînement à la relaxation est parfois utile pour soulager la douleur et le stress qui accompagne habituellement les blessures graves et la récupération.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] Lui faire part des déconvenues inhérentes à toute guérison. Chaque sportif récupère à son rythme, avec de possible régression, de possibles douleurs.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-play »] [/sws_ui_icon] Enfin, le soutien social est prépondérant tout au long de son parcours de guérison. Il agit comme une ressource psychologique dont les vertus sont notamment explorées dans des maladies comme le cancer. Des recherches ont montrées une corrélation élevée entre le soutien social et le taux de morbidité : plus la personne atteinte d’un cancer dispose d’un soutien social important, plus son espoir de guérison est élevé.

Les significations d’une blessure ne sont pas à appréhender comme un simple processus psychopathologique qui stigmatise le sportif, mais plutôt comme un processus dynamique où la blessure, loin d’être une catastrophe, peut aussi être une chance pour un individu d’exprimer ses projets de vie. La blessure est une expression du corps, un message qu’il convient d’écouter et de comprendre.